La cité des Frères Abbas, plus connue sous l'appellation de Oued El Had, reste parmi les cités les plus démunies en matière de projets en faveur de la population qui y vit, avec un cadre de vie loin d'être le meilleur de la ville de Constantine. En effet, cette petite agglomération, qui jouxte le très prisé quartier résidentiel de Sidi Mabrouk sur les hauteurs de la ville, possédait certains atouts pour être l'un des meilleurs quartiers résidentiels de la ville. Un emplacement géographique enviable, car à dix minutes du centre-ville, ainsi qu'un terrain plat approprié pour ce genre de constructions (villas). Autre particularité, la cité des Frères Abbas est un passage obligé pour les citoyens désirant se rendre à la cité Erriad, la cité Sakiet Sidi Youcef ou encore Djebel El Ouehche, parfois même la partie supérieure de Sidi Mabrouk, ce qui en a fait un quartier commercial par excellence. Mais voilà, les lieux, qui avaient tout pour offrir un joyau urbanistique et architectural, offrent aujourd'hui un triste spectacle et un sombre exemple de ce qu'est l'anarchie urbanistique dans la ville du Vieux-Rocher, encouragée durant les années 1980 et 1990 par le laisser-aller des autorités publiques, parfois l'absence même de l'Etat. Aujourd'hui encore, il est très difficile de mesurer l'ampleur des dégâts, tant certaines constructions semblent avoir été érigées au mépris des règles d'architecture les plus élémentaires. Ne possédant ni revêtements ni traces d'une quelconque jointure, des milliers de mètres carrés de façades sont indéniablement en marge des normes de construction. Certains s'amusent à construire étage sur étage afin « d'agrandir la demeure » au mépris des règles de sécurité. Un citoyen habitant ce quartier s'est même amusé à construire une muraille autour de sa résidence. La muraille en question est lobée par endroits et composée de pierres asymétriques et ne tiendrait pas debout contre des vents violents ; pis, elle constitue un danger réel en cas d'effondrement. Autre « irrégularité », à mettre cette fois-ci sur le compte des autorités publiques, c'est l'état désastreux de la voirie. Bon nombre de citoyens ne se souviennent même plus de la dernière visite des services de goudronnage. Ils nous ont fait part aussi de leurs craintes quant à l'état du réseau d'assainissement complètement désuet. « On a l'impression de vivre dans les égouts », nous lancera un vieux, dégoûté par l'état des lieux. Autre particularité du quartier : le nombre démesuré de commerçants qui pullulent à chaque coin de rue, particulièrement les grossisteries. Ceux de l'alimentation générale ( partie haute), des matériaux de construction (partie basse) et les magasins de pièces détachées pour véhicules de tout genre, dont l'origine n'est pas toujours garantie (vers la cité Erriad). En face de ces derniers existe un vaste terrain, où a été érigé, il y a quelques années de cela, un ensemble commercial composé de quelque 300 magasins qui, étrangement, n'ont jamais trouvé preneur. Ils étaient devenus entre temps des repaires de voyous, et autres toxicomanes. Une situation qui a poussé les habitants à manifester leur colère aux autorités, qui ont réagi quelque temps plus tard, en démolissant les locaux en question. Autre souci pour les habitants de la cité : les coupures d'eau. Ce problème semble être réglé depuis quelque temps, mais on craint ici que ce cauchemar ne réapparaisse avec la venue de l'été. Ce calvaire vécu durant les étés 2003 et 2004 avait donné lieu à de violentes émeutes. En somme, la cité des Frères Abbas avait tout pour réussir, mais il n'en a rien été, puisque cette situation arrange certaines personnes qui ont trouvé leur compte dans l'anarchie régnante avec quelques commerces loin d'être exempts de tout reproche. Tel est le triste destin de ce quartier dont les habitants pouvaient espérer nettement mieux.