Une grosse affaire de surfacturation et de corruption a éclaté à Air Algérie. Le directeur technique d'Air Algérie, M. Akrour, a été mis mercredi sous mandat de dépôt par le procureur de la République près le tribunal d'El Harrach, alors que deux sous-directeurs d'approvisionnement de la même entreprise, en l'occurrence MM. Zaouali et Zemmouchi (ex-sous directeur), sont sous contrôle judiciaire. Le magistrat a entendu plusieurs autres cadres de la compagnie Air Algérie, accusés ou témoins, au terme d'une enquête menée par la brigade économique de la police judiciaire concernant une affaire de marché douteux pour l'achat de pièces détachées. L'affaire remonte au mois de mars 2006 et fait suite à une plainte déposée par le défunt DG d'Air Algérie qui venait de découvrir, raconte un cadre syndical, un contrat d'achat non honoré par un fournisseur anglais et dont le montant était estimé à quelque 300 000 dollars. L'origine de l'affaire, selon un cadre d'Air Algérie, concerne un contrat d'approvisionnement en équipements de maintenance signé par la compagnie nationale avec le fournisseur américain ASA. Ce dernier achète des pièces de rechange chez Boeing pour les revendre à Air Algérie. Le contrat prévoyait une marge bénéficiaire de 2,5% au profit de la société privée américaine. Cependant, selon un cadre d'Air Algérie qui a requis l'anonymat, « ce fournisseur partage avec certains cadres de la compagnie aérienne une rente engrangée par une marge bénéficiaire exorbitante, allant jusqu'à 200% ». Cette « transaction illégale » aura duré plusieurs années avant que le défunt DG de la compagnie nationale, M. Benouis, n'ordonne la résiliation du contrat avec la société américaine. Mais les cadres incriminés, ajoute notre source, ont repris leur « activité » en continuant la transaction après le décès de M. Benouis. C'est alors que l'ex-chef de service approvisionnement va se trouver au centre d'un grand scandale qui va ébranler la compagnie nationale. En effet, ce dernier, actuellement en retraite, s'était vu contraint de signer l'arrivage de caisses vides de pièces de rechange sous la pression des cadres mis en cause. Et il aurait subi des pressions au point de prendre sa retraite. Ainsi, cet ancien chef de service approvisionnement a décidé de déballer l'affaire après en déposant plusieurs plaintes pour surfacturation et corruption. La dernière plainte semble avoir eu son effet avec cette série d'arrestations et de contrôles judiciaires. Actuellement, la tension est à son comble au sein de la compagnie aérienne où le syndicat technique a observé une grève dans la nuit de mercredi à jeudi pour dénoncer l'incarcération de M. Akrour. Le ministre des Transports se serait déplacé jeudi dernier au siège de la compagnie pour inviter les grévistes à reprendre le travail. Notre interlocuteur affirme que tous les sous-directeurs techniques auraient déposé une démission collective suite à cette affaire. La même source n'écarte pas d'autres révélations encore plus fracassantes dans les prochains jours. Contacté, le chargé de la communication du Syndicat national des techniciens de la maintenance avions (SNTMA), après s'être excusé de ne pas s'être informé avec exactitude de cette « affaire », prévoit de rendre public un communiqué aujourd'hui. Affaire à suivre donc !