Les deux attentats à la voiture piégée qui ont secoué hier la Alger et ayant visé deux quartiers de la capitale, Hydra et Ben Aknoun, censés être hautement sécurisés pour abriter, le premier, des sièges d'ambassades et des résidences de hautes personnalités, et le second, les sièges de deux importantes institutions : le Conseil constitutionnel fraîchement installé dans ses nouveaux locaux et la Cour suprême, reposent la question de l'efficacité du dispositif de sécurité, y compris dans des zones sensibles. Après l'attentat à la voiture piégée contre le Palais du gouvernement en avril dernier et le double attentat d'hier, c'est tout le mythe de l'invulnérabilité de certains sites stratégiques – notre « zone verte » – épargnés jusqu'ici par les attentats terroristes, qui vient de voler en éclats. Le ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni, avait reconnu hier l'existence de failles dans le dispositif de sécurité présentées presque comme une fatalité contre laquelle il n'existerait, à l'en croire, aucune parade. Incontestablement, les attentats d'hier marquent un nouveau tournant dans la stratégie des terroristes, lesquels cherchent, à travers ces nouvelles cibles, à atteindre l'Etat et ses institutions au cœur en semant le doute au sein de l'opinion nationale et auprès de nos partenaires étrangers sur les capacités de l'Etat à assurer sa propre sécurité et celle de ses hôtes étrangers. Les événements tragiques d'hier ne manqueront pas, à coup sûr, d'avoir de lourdes répercussions sur l'image de l'Algérie à l'extérieur. Notre pays revient tristement sur le devant de l'actualité internationale en s'invitant sur les chaînes de télévision du monde entier où les images des carnages d'hier revenaient en boucle. Grâce au renseignement, les services de sécurité ont pu ces derniers jours obtenir des résultats spectaculaires dans le domaine de la lutte antiterroriste en frappant la nébuleuse terroriste à la tête, comme ce coup de filet qui avait conduit, il y a quelques jours, à l'arrestation du cerveau des attentats d'Alger neutralisé à El Mouradia, un autre quartier également hautement sécurisé qui abrite la présidence de la République et le siège des Affaires étrangères. Un événement qui aurait dû donner à réfléchir aux services de sécurité sur l'implantation des réseaux terroristes dans des périmètres considérés comme des citadelles imprenables qu'ils n'ont pas pu pénétrer jusque-là. Mais il faudrait aussi reconnaître que le système de renseignement présente des faiblesses et des lacunes que les terroristes exploitent allégrement pour monter à chaque fois d'un cran dans leur défiance de l'Etat et de ses institutions. Un bilan des véhicules volés a été dressé cette semaine par les services de sécurité. La plupart des attentats à la voiture piégée ont été commis à l'aide de véhicules volés. Il est pour le moins curieux que ces véhicules volés transformés en bombes, lesquels ont sans doute fait l'objet de déclaration de vol par leurs propriétaires, puissent ainsi circuler librement et passer sans être inquiétés entre les mailles du dispositif de sécurité. Voire pire, poussant le zèle jusqu'à pénétrer dans des quartiers où la vigilance est censée être à son paroxysme ! Parce que le pays traverse une situation particulière et que la preuve est faite depuis longtemps déjà que les véhicules volés ne finissent pas tous au marché de la pièce détachée de « la casse », les services de sécurité devraient redoubler de vigilance en matière de recherche et de traçabilité des voitures volées. Chaque véhicule volé devrait être considéré comme un véhicule suspect et à risque. Il devrait être, par conséquent, signalé et activement recherché par les services de sécurité.