Les Nations unies n'ont connu que deux attaques contre leur siège, Alger ce 11 décembre 2007, et Baghdad, le 19 août 2003 l Nombre de victimes, sécurité défaillante, symbole : les parallèles avec l'attentat d'Al Qaïda en Irak sont frappants. Personne n'aurait imaginé un jour comparer Alger à Baghdad. Pourtant, l'attentat au siège des Nations unies à Hydra rappelle douloureusement celui du 19 août 2003 dans la capitale irakienne. Ce jour-là, un attentat à la bombe contre le quartier général de l'ONU tua 22 personnes dont le représentant spécial pour l'Irak, Sergio Vieira de Mello. A Alger, le bilan semble être un peu moins lourd : Genève déclare 9 personnes décédées et à Alger, entre 5 et 10 personnes seraient encore portées disparues. Parmi elles : des employés recrutés au niveau international (ils étaient 40, dont 21 à titre temporaire), mais aussi des employés locaux dont des chauffeurs. Pour Ali Laïdi, chercheur spécialiste du terrorisme islamique à l'Institut des relations internationales et stratégiques, une telle attaque n'est pas surprenante et le parallèle avec l'Irak est même frappant. « Le discours de l'ex-GSPC depuis sa création en 1998 n'a cessé d'évoluer pour se rapprocher d'Abou Moussab Al Zarqaoui, l'ex-responsable pour Al Qaïda en Irak. » Que ce soit dans la méthode – attentat suicide – comme dans l'idéologie. « Les revendications se sont internationalisées : le mouvement reprochait, à ses début, au gouvernement algérien de ne pas appliquer la charia. Aujourd'hui, il l'accuse de laisser les Américains s'installer et de vendre le pétrole aux multinationales étrangères. » Désigné par Al Qaïda comme « l'antre international des infidèles », le siège des Nations unies incarne la cible idéale. Antonio Guterres, le Haut Commissaire pour les réfugiés (qui annonce le décès d'un chauffeur et la disparition d'un autre), a beau rappeler que « L'ONU est une entité qui travaille pour la paix dans le monde, qui tente d'être un intermédiaire honnête, en particulier lorsqu'il s'agit d'apporter une aide humanitaire aux réfugiés et à ceux qui sont victimes de violence et de persécution », la neutralité ne peut être avancée comme une protection. C'est en tout cas ce que souligne M. Laïdi. « Pour les terroristes, la neutralité n'existe pas. Le peuple lui-même ne peut être neutre : il est forcément pour ou contre lui. De toute façon, l'ONU apparaît à leurs yeux clairement dirigée par les Etats-Unis. Il était donc évident qu'une telle attaque s'inscrive dans leurs projets. » Pour autant, et c'est un autre parallèle avec l'attentat de Baghdad, aucune mesure de sécurité spécifique n'avait été prise, malgré les demandes depuis l'attentat du 11 avril dernier. En 2003, une équipe d'experts envoyés en Irak avait pointé de sérieuses défaillances dans le système de protection. Aucune mission d'évaluation de la sécurité en Irak n'avait été effectuée avant que la première équipe humanitaire ne soit renvoyée dans le pays en mai 2003. Après l'attaque, Kofi Annan, alors secrétaire général, avait ordonné le retrait temporaire du personnel de l'ONU encore présent en Irak. Sur les 400 membres du personnel international, 80 avaient choisi de rester. Et aujourd'hui, ils sont à nouveau 200. Reste à savoir ce qui va être décidé à Alger, si le personnel va être rapatrié ou non. Les rumeurs disent que oui. David Venes, secrétaire général adjoint de l'ONU, chargé de la protection et de la sécurité, a indiqué plus diplomatiquement que les Nations unies vont continuer à travailler en coopération « à long terme » avec l'Algérie, pays membre de l'organisation. Pour l'heure, le ministère de la Solidarité nationale a chargé une équipe médicale de 15 spécialistes, constituée en collaboration avec le réseau Wassila et le village SOS enfants en détresse, d'apporter une aide psychologique et sociale aux rescapés de l'attentat.