« Pas de carburant », est la seule réponse que trouvera toute personne en quête de gazole ou d'essence dans toutes les stations de la bande de Ghaza. Cette situation dramatique se poursuit depuis trois jours, depuis que les propriétaires des stations d'essence ont refusé de faire rentrer les quantités offertes par les Israéliens ; seuls pourvoyeurs en carburant de la bande de Ghaza, minimisées à seulement 25% de ce qu'ils recevaient antérieurement. Les mesures israéliennes rentrent dans le cadre de l'intensification de l'embargo qui étouffe la bande de Ghaza depuis plusieurs mois consécutifs. Le gouvernement israélien avait décrété la bande de Ghaza, « entité hostile » depuis que le mouvement islamiste Hamas y a effectue un putsch armé et contrôle en solo cette partie des territoires palestiniens depuis la mi-juin 2007. Selon certains responsables israéliens, des coupures d'électricité et d'eau potable peuvent suivre si les mouvements palestiniens armés ne cessent pas leurs tirs de roquettes artisanales sur les villages israéliens proches de la ligne de démarcations d'avec la bande de Ghaza. Le manque de carburant dans ce minuscule territoire bouclé de toute part, que personne n'a pu quitter sous aucun prétexte depuis plusieurs mois, ni pour études à l'étranger, ni pour affaires, ni pour soins pour les malades dont les prises en charge adéquates ne peuvent se faire à cause du manque de moyens, ne fera qu'amplifier les soucis et les tracas d'une population qui se sent délaissée et oubliée par la communauté internationale. Dans les rues de Ghaza, les taxis, d'habitude si nombreux, se font de plus en plus rares. Les boulangeries, les usines, les stations de pompage des eaux usées, les hôpitaux ainsi que d'innombrables activités seront fortement perturbés au cas où le problème ne sera pas résolu. Dr Mouaaouia Abou Hassanine, directeur général des services des urgences dans la bande de Ghaza, nous a déclaré : « Le manque de carburant a commencé à se faire ressentir dans tous les hôpitaux où l'on utilise fréquemment les générateurs d'électricité à cause des fréquentes coupures. Les quantités de carburant stockées ne suffisent que pour deux ou trois jours ; après cela, certains malades seront en danger de mort, surtout pour ceux des soins intensifs, les insuffisants rénaux et pour les cas nécessitant un acte chirurgical urgent. Nous nous approchons cette fois de la crise humanitaire. Déjà qu'à cause de l'embargo, plus de 35 de nos malades qui n'ont pu quitter la bande de Ghaza pour soins à l'étranger sont morts. Cette fois-ci, le nombre sera beaucoup plus important. Au nom du corps médical palestinien, je lance un appel de détresse à l'ensemble de la communauté internationale qui doit rompre son silence et exiger d'Israël de mettre un terme à ces mesures de punitions collectives dont les seules victimes sont les citoyens innocents ». Ainsi, la bande de Ghaza, minuscule enclave de 360 km2, de 1,5 million d'habitants, déchirée par les dissensions internes, connue pour être un territoire pauvre où le taux de chômage atteint des taux inégalés, se voit aujourd'hui transformée en une grande prison que l'on veut priver, aussi, d'électricité, de carburant, de denrées alimentaires essentielles.