Est-ce que les bidonvilles sont une fatalité ? Le bidonville n'est pas une fatalité. Ces excroissances urbaines sont le résultat de la mauvaise gestion de la part de la puissance publique. Cette dernière, de par sa déliquescence, permet cette excroissance par une complicité implicite. Qu'on vienne pas nous dire que les communes ne sont pas au courant des bidonvilles à Hydra ou à Gué de Constantine. La délivrance des permis de construire fait partie des prérogatives du président d'APC. Il faudra attendre le jour où le maire fera appel aux systèmes qui existent et qui doivent gérer la question urbaine. Pourquoi tous les programmes d'éradication de bidonvilles semblent inefficaces ? Tout est fait pour la réapparition des bidonvilles : il n'y a aucune prise en charge en aval, aucun suivi des opérations de recasement. Et c'est en ce sens qu'il faudrait redéfinir la notion de logement social. Ce dernier ne devrait pas être un cadeau providentiel que l'Etat « offre » au citoyen. Le citoyen risque parfois d'avoir un réflexe de rente : il peut par exemple revendre ce logement. C'est une spirale. Le réflexe de la rente est le même qu'on trouve à différents niveaux de l'Etat. C'est la logique du « chacun veut sa part ». Le citoyen se dit que lui aussi a sa « part », à l'image de tout un système basé sur la rente. On ne peut éradiquer les bidonvilles sans revoir toute la philosophie de ces opérations : il faut casser les mécanismes qui favorisent la rente. Et malheureusement, on ne tire jamais les leçons du passé. Voyez les nouvelles excroissances, ces sortes de « bidonvilles de qualité », comme à El Hamiz où la situation est pire. Ces excroissances sont spontanées et illustrent bien l'absence de la puissance publique. Des zones comme El Hamiz s'inscrivent également en marge de la société, particulièrement du point de vue économique. C'est de l'informel au sens le plus large. Ici aussi on voit que l'Etat ne fait que gérer l'impunité. Existe-t-il une réflexion autour des problèmes urbains dans les grandes villes ? Notre pays produit beaucoup de plans, mais il y a peu d'actions. Il existe des réflexions autour de l'urbanisme à Alger par exemple, mais on ne réfléchit pas aux moyens d'application. Il faut en tout cas arrêter avec le système de dérogation et surtout sortir des politiques d'achat de la paix sociale.