Jamais l'Epic Netcom n'a été aussi mis à rude contribution comme lors de cette fête de l'Aïd El Adha, à cause de la surcharge de travail à laquelle se sont vu astreints les éboueurs. Ces « naqâyine » qu'on appelle à tort zebaline qui patrouillent à longueur de journée et de nuit, à travers nos avenues et rues pour soulager le plancher des ballots éventrés par les ordures domestiques chargées des restes de victuailles. La valse incessante des camions de collecte et de ramassage était évidente. Plusieurs rotations par jour sont effectuées, non sans peine, par les équipes de Netcom qu'on se presse à montrer d'un doigt accusateur lorsque le dédale de la ville est encrassé. Quelques jours avant de festoyer, le spectacle de rue, qui s'offrait à notre regard, relevait d'un autre âge, tant la cité fut « bédouinisée ». Sous prétexte que c'est l'Aïd, les autorités locales font mine de ne rien voir des débordements hostiles sur la voie publique... On ne trouve aucune gêne à transformer son local de pizzeria ou de fripes en commerce à bestiaux et de bottes de foin, en dépit de la réglementation. Tout est permis lorsqu'il s'agit du rituel sacrificiel de Sidna Ibrahim, dont le côté sacré de l'offrande est, malheureusement, relégué au profit de l'aspect folklorique. « Il faut bien faire plaisir aux garnements. Non ?! », me lance d'un air narquois mon voisin de la villa d'en haut. Celui-là même qui ne voyait aucun désagrément à accomplir l'acte de sacrifice au seuil de sa porte, laissant dégouliner le flot de sang du ruminant le long de la rue. Toute honte bue, mon bougre de voisin, bombant le torse, prenait une allure de « citadin » et de bon croyant. Il nous laisse la marque d'un beau décor et advienne que pourra ! Au quidam de faire de l'exercice pour enjamber ces mares sanguinolentes rejoignant la litière de paille qui recouvre le bitume de certains parcours publics. « Ne t'en fais pas ! Les agents de Netcom sont payés pour çà (…). Ils ne vont pas tarder à venir », tente de me rassurer un autre voisin de l'immeuble d'en face qui balance ses baluchons étripés par-dessus le balcon qu'il n'omet pas, au passage, de laver à grande eau, sans se soucier, outre mesure, du piéton, invité à raser le mur pour échapper à la « douche ». Entre-temps, je ressentais un pincement au cœur en assistant à la tâche pénible de notre pauvre agent de Netcom, qui s'escrimait dans la fange pour nettoyer la voie à mains nues. Je pensais aussi au sens civique qui fait tant défaut à la collectivité.