On croyait que les longues chaînes devant les épiceries pour l'achat du lait étaient révolues. Mais ne voilà-t-il pas qu'une nouvelle pénurie due à un mouvement de protestation des transformateurs de lait privés fait revenir les Algériens à ce genre de scènes qui rappellent les années de plomb où il fallait faire le pied de grue pendant des heures devant les Souk El Fellah pour pouvoir acquérir les produits de première nécessité. La crise a atteint son paroxysme après la décision le 10 décembre des transformateurs de lait du Centre, auxquels se sont joints par la suite tous les opérateurs du territoire national, de cesser toute production jusqu'à ce que leurs revendications soient prises en considération. Entre autres doléances, ils réclament le paiement des subventions pour les mois de septembre, octobre et novembre à tous les opérateurs. Ils demandent également au gouvernement de revoir à la hausse le montant de la subvention pour la ramener à 25 DA pour chaque sachet de lait contre 15 DA actuellement et de l'indexer sur les cours mondiaux de la poudre de lait. Ce mouvement de protestation a créé une grande tension sur la disponibilité du lait en sachet chez les marchands de détail. La crise risque de perdurer dans le temps si l'on tient compte des propos du président de la Fédération nationale de l'industrie agroalimentaire, Abdelouahab Ziani. D'après lui, l'industrie de transformation de lait est réellement dans l'impasse. Les opérateurs, soutient-il, ne peuvent pas travailler à perte indéfiniment. Le ministère du Commerce, par la voix de son chargé de la communication, Ahmed Beldia, rejette quant à lui la balle dans le camp du ministère de l'Agriculture et du Développement rural, en soutenant que la mission de son département est le contrôle. Du côté du département de Saïd Barkat, on pense au contraire que c'est au ministère du Commerce de réguler le marché. Cherif Hassaim, le chargé de la communication de ce ministère, rappelle que l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL) qui a été rattaché au secteur de l'agriculture est uniquement chargé d'approvisionner les transformateurs de lait en matière première, à savoir la poudre de lait et n'a pas pour prérogatives de négocier les subventions avec les concernés. La polémique entre ces deux ministères rend la situation encore plus intenable pour les consommateurs algériens.