La projection futuriste du nouveau Bardo, telle qu'elle est imaginée par les services de la wilaya, suscite émerveillement et interrogations, tant la « chirurgie esthétique », que l'on envisage d'opérer au niveau de ce quartier mythique, laisse les Constantinois rêveurs, mais tout autant dubitatifs. A en juger, en effet, par le dernier numéro de la publication bimensuelle des services de la wilaya, on se croirait tout simplement à … Dubaï ! D'après la vision novatrice des services concernés, Bardo devrait abriter, une fois « relooké », une succession d'édifices fantaisistes et de gratte-ciel multiformes, très branchés, pour ne pas dire frisant la science-fiction ! Partant, d'aucuns se surprennent à espérer être présents le jour où ce panorama prodigieux se concrétiserait, mais en attendant, le doute est permis tant que l'on ne connaîtra pas les tenants et les aboutissants de cette « mue » grandiose, notamment le timing et le coût du projet. Cela étant, l'euphorie d'une telle projection ne pourra faire occulter, par ailleurs, l'autre réalité, celle de certaines cités populeuses où, à défaut de gratte-ciel, la population doit faire face quotidiennement à des problèmes plutôt terre à terre, comme les pénuries d'eau, les routes crevassées et les égouts à ciel ouvert C'est le cas des chalets du quartier défavorisé d'El Gammas, auxquels on n'a pas accordé de place dans cet ambitieux programme présidentiel de modernisation de la métropole de Constantine (PPMMC), cher au wali. Un wali interpellé, en sa qualité de premier responsable de la wilaya, mais aussi en tant que directeur de la publication du bimensuel Miroir de Constantine, par une enseignante universitaire, qui a lancé un cri de détresse sur les colonnes mêmes de ce journal de la wilaya. En effet, dans la rubrique Lettres et doléances citoyennes, de la dernière édition de ce bimensuel, une citoyenne habitant à El Gammas, enseignant à l'université de Constantine, évoque justement les problèmes de cette cité « omise », a-t-elle mentionné, par les responsables locaux. Celle-ci déplore, à ce titre, le fait que le budget de la wilaya soit toujours destiné à satisfaire les mêmes secteurs, et cela depuis des années, de même qu'elle décrit les logements de cette cité, créée en 1980, comme étant fabriqués en carton et contenant, en outre, de l'amiante. De fait, ces chalets, préalablement conçus pour héberger les sinistrés du vieux bâti, ont occasionné, depuis, selon la signataire de la lettre adressée au wali, des problèmes de santé à leurs habitants, notamment des maladies respiratoires. Et à cet effet, elle demande aux responsables de bouger « en urgence ». Evidemment, la métropole « modernisée » de Constantine ne pourra pas, dans le cas contraire, s'accommoder de chalets vétustes et hideux. Cela devrait, normalement, inciter les responsables locaux à se pencher sérieusement sur le sort de ces citoyens, et lancer une sorte de plan Marshall en mettant, pour ce faire, à profit, la manne pétrolière.