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Le MSP demande le départ du gouvernement
Tout en relevant le caractère non prioritaire d'une révision
Publié dans El Watan le 27 - 12 - 2007

L'année touche à sa fin et l'heure des bilans a sonné. Dans son analyse rétrospective sur l'année 2007, la commission politique du MSP dresse un constat d'échec de l'équipe gouvernementale.
L'année qui touche à sa fin a été celle des hésitations, estime Abdelmadjid Menasra, vice-président du MSP et président de ladite commission politique, lors d'une conférence d'évaluation tenue hier au siège du parti. « Il y a eu des hésitations à réviser la Constitution, à remanier le gouvernement et à entreprendre des réformes économiques. Des hésitations aussi pour réviser le code des communes et des wilayas, des hésitations au sein de l'alliance présidentielle dont les membres ont affiché des positions contradictoires », dira M. Menasra. Il ajoutera qu'il y a « des hésitations aussi à combattre la corruption qui est devenue presque un mode de gestion et tout ceci face à une détérioration de la situation sécuritaire, à une baisse du pouvoir d'achat et à une abstention massive des électeurs », constate encore Menasra. Considérant qu'un tel constat d'échec doit être suivi d'un changement de l'équipe gouvernementale, le vice-président du MSP justifie qu'il s'agit d'un gouvernement vieilli qui a échoué. Démontant point par point la prestation de l'Exécutif, Menasra entamera son réquisitoire par les deux rendez-vous électoraux de cette année, à savoir les élections législatives du 17 mai et les communales du 29 novembre. « C'étaient des élections sans électeurs. Il y a eu un vacarme électoral qui a utilisé une expression démocratique sans aboutir à un changement. Des élections qui n'ont pas échappé à la constante nationale qu'est devenue la fraude », dira l'homme politique en se demandant comment des élections législatives ont lieu sans qu'un changement du gouvernement ne s'en suive. L'autre tableau sur lequel le gouvernement a été critiqué hier est celui de la faillite sécuritaire. « Nous avons constaté un manque d'efficacité des services de sécurité qui n'ont pas su s'adapter à la nouvelle forme de violence terroriste. Il y a eu un relâchement dû à l'application de la charte pour la paix et la réconciliation. Nous dénonçons cette défaillance et appelons à plus de vigilance et d'efficacité dans la lutte contre le terrorisme », précise Abdelmadjid Menasra en soulignant le caractère politique des cibles des attentats. Le gouvernement a aussi échoué en ne répondant pas de la meilleure façon et dans les temps à la hausse des prix des produits alimentaires. « Certes, la hausse émane des marchés extérieurs, mais à chaque pays de trouver la solution adéquate afin de ne pas trop faire subir aux consommateurs le poids de ces hausses », indique M. Menasra en notant la lenteur dans la réaction de l'Exécutif. « Nous demeurons un Etat riche et un peuple pauvre, même avec 59 milliards de dollars de rentrées en devises. Il y a un flagrant déséquilibre dans la répartition des dépenses publiques. Le gouvernement s'est très mal comporté avec la hausse des prix », lâche encore le responsable du MSP. La gestion du lourd dossier des harraga reflète aussi, selon le conférencier, l'incompétence de l'Exécutif. « C'est une honte pour l'Algérie, ce n'est pas en jetant les rescapés de la mer en prison qu'on pourra régler ce problème. » M. Menasra n'oubliera pas de citer, en outre, le déroulement de l'événement Alger, capitale de la culture arabe. « Ce fut une année de tapage et de dépenses et non pas une année de création culturelle. Une occasion ratée de redynamiser la vie culturelle. Sa gestion a obéi à une logique de dépense d'un budget, de tapage médiatique destiné à une petite frange de la société ». Même en étant membre du gouvernement, le MSP, dira M. Menasra, se doit d'être critique. « Le président de la République lui-même critique le gouvernement et nous disons que le bilan du gouvernement a été mauvais. » Interrogé sur l'avenir de l'alliance présidentielle, le responsable du MSP répondra d'abord que son parti est toujours attaché à cette entité politique, mais ajoutera ceci : « Nous proposerons pour l'année 2008 la composition de nouvelles alliances politiques en dehors de la cour du pouvoir. »
« Un troisième mandat est un recul sur les acquis démocratiques »
Sur le plan international, l'orateur relèvera « la crise des présidents avec les constitutions de leurs pays respectifs », notamment au Liban, au Venezuela, en Russie et en Turquie. Saluant par là l'esprit démocratique avec lequel le refus d'une non-limitation de mandat a été accueilli par les mêmes dirigeants de ces pays. Une belle entrée en la matière pour dire que pour le cas de l'Algérie, « la révision constitutionnelle n'est pas une priorité ». Tout en prédisant que l'année 2008 sera celle où le Président devra trancher sur la question, M. Menasra estime que trop d'hésitations ont fini par « obstruer les horizons ». « Il faut que les choses soient claires. Si révision il y a, elle devra se faire autour d'un dialogue et qu'elle émane d'une volonté de réforme de la Constitution pour plus d'équilibre entre les institutions et non pas obéir à des visées partisanes ou personnelles. » Tout en notant que le chef de l'Etat est seul habilité à user de cette prérogative, le vice-président du MSP félicite tous ceux qui ont exprimé leur vœu de se porter candidat aux prochaines élections présidentielles. « Nous encourageons tous les candidats et disons que la position du MSP dépendra de l'annonce et de la nature de la révision constitutionnelle à venir », dira-t-il. Ce dernier lancera une autre précision de taille qui tranche avec une improbable adhésion à une démarche portant sur un troisième mandat présidentiel, en disant : « Je crois qu'une option de troisième mandat est un recul sur un acquis démocratique », et d'inviter l'assistance à revenir sur la révision de la Constitution de 1996 en précisant que seul le MSP s'était abstenu de voter « à l'heure où beaucoup d'autres ont applaudi l'article sur la limitation de mandats du Président ».


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