M. Menasra a défendu le numéro un du parti et a affirmé que le “MSP n'a pas peur de la justice”. “Nous ne fuyons pas la justice. N'a pas peur de la justice qui veut lutter contre la corruption”, a répondu M. Menasra, vice-président et président du bureau politique du MSP, au sujet d'une éventuelle citation à comparaître du président du parti pour ses déclarations au sujet de la corruption. Ce qui a contribué à détendre l'atmosphère après la tension provoquée par les déclarations de M. Soltani selon lesquelles il détiendrait des dossiers au sujet de la corruption. Et à M. Menasra d'éluder la question de la démission du président du parti de son poste de ministre. “Je ne peux pas répondre à cette question. C'est une question personnelle”, a-t-il affirmé. Cela est intervenu hier, lors d'une conférence de presse consacrée à l'évaluation du MSP de l'année 2006 et les perspectives 2007. Le bilan de l'année 2006, sur tous les plans et à tous les niveaux, selon lui, n'est pas réjouissant. Aussi a-t-il qualifié “l'exercice” 2006 de “non-événement”, de l'année de la stagnation. “Politiquement, c'est une année blanche”, dit-il. Il a relevé une absence d'initiative politique, des tergiversations, des hésitations sur certains dossiers comme la révision de la Constitution, la loi sur les hydrocarbures. Bref, une année de stagnation. Au plan strictement politique, M. Menasra notera l'absence de l'opposition et sa transposition dans les partis. “Il n'y a pas d'acte d'opposition”, a-t-il estimé. Comme il a implicitement dénoncé les objectifs du changement à la tête du gouvernement ; changement qui est dicté, selon lui, par des motivations politiques et sans impact sur l'avenir du pays. Les dysfonctionnements sont également relevés. Une majorité qui ne réclame que tardivement le poste de Chef du gouvernement, la fonction de l'APN réduite à une surveillance. Le même rythme a caractérisé les “priorités” tracées une année avant, en décembre 2005. S'il salue la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, il a estimé que le texte est insuffisant pour arriver à effacer les effets de la crise. Il a proposé ainsi d'élargir le champ de la réconciliation nationale. Il ne précisera pas pour autant de quelle manière. Malgré le retour à la stabilité, le terrorisme subsiste et a opéré sa transformation. S'appuyant sur le dernier attentat de Bouchaoui, Menasra relèvera qu'en l'absence de soutien logistique, le dernier groupe terroriste (il ne citera pas le GSPC) a revu sa stratégie et est allé chercher un soutien et “une légitimité” à Al-Qaïda. Ce qui lui fait alors dire que “le terrorisme n'est plus algéro-algérien, mais international”. Economiquement, le tableau n'est pas différent, selon lui. La croissance économique vacille entre 3 et 4%, ce qui est insuffisant. Les projets du PSRE ne sont pas encore traduits sur le terrain, a-t-il constaté. Le développement économique est au ralenti, a-t-il estimé, tout en regrettant que tous les projets soient financés par le Trésor public. Parallèlement, les scandales financiers n'ont pas cessé touchant presque tous les secteurs, y compris dans les partis politiques, a-t-il précisé. D'où, selon lui, la priorité à la lutte contre la corruption. Pour l'année 2007, le MSP dresse trois priorités : les élections législatives et locales, les réformes et l'intérêt pour le social. Pour les prochaines échéances, le MSP plaide pour une concurrence avec des conditions à même de garantir un scrutin propre. La révision de la loi électorale s'impose, selon M. Menasra. Aussi a-t-il accusé l'administration d'avoir toujours fraudé tout en rappelant l'épisode du “parti de l'administration”, le RND sans le nommer. Il met en garde contre le risque “d'une élection sans électeurs” au cas où il n'y a aucune garantie de respect de la volonté populaire. Dans la foulée, il propose également la région des codes communal et de wilaya de manière à accorder de larges prérogatives aux élus et équilibrer les pouvoirs entre les instances élues et l'administration. Il reprend également son credo fétiche, la levée de l'état d'urgence. À ce sujet, M. Menasra reconnaît que ce sont les partis majoritaires qui ont toujours bloqué le débat sur cette revendication. Et de se demander sur le pourquoi du refus de la programmation du dossier. Surtout qu'il n'y a plus aucune raison, selon lui, qui justifie son maintien. “Nous continuerons à lutter pour la levée de l'état d'urgence”, dit-il. Et enfin le volet social. La pauvreté, le chômage, la crise du logement… ce sont les priorités maintenant qu'il n'y a plus de crise au niveau de l'Etat, a-t-il estimé. Les voyants étant au vert, c'est le moment, considère-t-il, de s'occuper des besoins sociaux des Algériens. Djilali B.