Messaoud Boukadoum est mort mercredi dernier à l'âge de 97 ans. Il a été enterré, comme il le souhaitait, au cimetière de Bir Stal, près d'El Harrouche, une région qui l'a vu naître et grandir. Mehri, Bouhara, Saïd Abadou El Haj Yaâla ont tenu à être présents à El Harrouche pour rendre un dernier hommage au grand nationaliste. Messaoud Boukadoum, connu beaucoup plus par Si El Haouas, est une figure emblématique du nationalisme et son discours, un certain 20 août 1947 à l'Assemblée nationale française alors qu'il était député de Constantine et représentait le MTLD, reste un fait d'arme haut de sens et de signification. Bouhara reconnaît en lui un grand tribun, Brahim Chibout lui accorde la dimension nationale : « Il est né pour l'Algérie et appartient à l'Algérie. » Alors que Mehri estime : « C'est lui qui a instauré les premières bases de la diplomatie algérienne. » Mehri, très ému hier au cimetière de Bir Stal, avait eu à rencontrer Si El Haouas, il y a quelques mois seulement à Skikda et ne s'était pas empêché de dire : « C'est Si El Haouas qui m'a initié et m'a propulsé aux tribunes. » Si El Haouas, fils d'un agriculteur, a fait ses études à la Sorbonne. Il a commencé son militantisme au courant des années 1930. Le 8 mai 1945, il porte le drapeau algérien et manifeste à Skikda. Il sera emprisonné à Constantine avant d'être transféré au Sud. En novembre 1946, il est candidat du Mouvement de Messali Hadj pour les élections à la première Assemblée législative de la IVe République. Il glane haut la main plus de 37 000 voix sur les 44 000 exprimées. Au Parlement français, il n'interviendra qu'une seule fois pour dire haut et fort ce qu'il pense. « La colonisation française ne s'est pas contentée de s'approprier toutes les richesses économiques de l'Algérie et de les exploiter à son unique profit. Elle s'est attaquée également au patrimoine moral et intellectuel de notre peuple. » Il citera, par la suite, la transformation des mosquées en églises. « Beaucoup de mosquées furent détruites ! La plus belle mosquée d'Alger, Djamaâ Ketchaoua, fut affectée au culte catholique ! Egalement à Constantine, Djamaâ Souk El Ghezel datant de 1730. Mais je n'insiste pas. » Sur ce, M. Louvel, du Sénat français, l'apostrophe : « Cela vaut mieux. » Si El Haouas réplique alors : « Surtout pour vous. Quand on vous dit la vérité, cela vous choque. Je le conçois. Nous sommes venus ici, non pour faire des déclarations de loyalisme, mais pour dire ce que nous pensons. » Cet acte sera assimilé à une véritable guerre déclarée au colonialisme. Avec l'avènement de la guerre de Libération nationale, il tentera une médiation entre le FLN et Messali. Le FLN le charge de le représenter à l'étranger pour lier une grande amitié avec le président Yougoslave Tito. En 1958, il est désigné secrétaire général du ministère des Affaires extérieures. A l'indépendance, il est nommé ambassadeur à Dakar qu'il quitta bruyamment et rentre à El Harrouche.