Faux départ pour le FLN. La campagne électorale pour les élections locales du 29 novembre démarre sur fond de contestation qui mine, depuis plus d'un mois, l'ex-parti unique. La protestation va crescendo, en dépit des tentatives de Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du parti, de cacher cette réalité. La réponse à ses affirmations minimisant l'ampleur du mal qui ronge le FLN lui est venue aussitôt et au mauvais moment. C'était jeudi dernier, première journée de la campagne électorale, soit 24 heures après sa dernière intervention sur les ondes de la Radio nationale. En effet, pas moins de 200 militants du FLN représentant 45 mouhafadhas se sont rassemblés dès les premières heures devant le siège national du parti, situé à Hydra (Alger). Ils représentent toutes les catégories de la formation que préside l'actuel chef du gouvernement : d'anciens députés, des membres du conseil national élus lors du 8e congrès bis, des responsables de l'ancienne direction issue du 8e congrès, des représentants de mouhafadha et de kasma ainsi que des militants de base. Nous voulons marquer l'ouverture de la campagne électorale à travers un sit-in symbolique et pacifique. Nous avons demandé à ce que chaque mouhafadha soit représentée par 3 à 4 personnes », nous déclare Abbès Mekhalif, président du groupe parlementaire du FLN lors de la précédente législature. Il est aujourd'hui le chef de file de la contestation. Epaulé dans cette action par Abdelkader Zidouk, député lors de la dernière législature, Abdesslem Medjahed, chargé de la communication du parti sous l'ère de Ali Benflis, Fenni, membre du conseil national et contestataire éternel de l'actuel direction du FLN, M. Mekhalif semble déterminé à poursuivre la protesta même après les élections pour faire tomber les responsables actuels du parti. Le sit-in s'est vite transformé en un meeting contre Belkhadem et les membres de l'instance exécutive, accusés d'avoir piétiné les textes fondamentaux du parti. Le décor est mis en place devant le portail principal du siège du FLN inhabituellement clos. Pancartes et banderoles sur lesquels sont écrits des slogans hostiles à la direction actuelle du parti et d'autres dénonçant « la mascarade » dans l'élaboration des listes de candidatures sont affichées sur les murs du siège. Abdelhamid Mehri demandé Batna, Guelma, Annaba, Skikda, Alger, Blida, Oran… des représentants des structures locales du FLN sont venus exprimer, selon leurs dires, un seul message : « L'instance exécutive a porté préjudice au militant, elle doit partir. » La même demande est transcrite dans le communiqué lu devant l'assistance par Abbès Mekhalif. « Nous demandons le départ de l'instance exécutive et la tenue d'une réunion extraordinaire du conseil national. Cette dernière a marginalisé les vrais militants et ouvert les portes du parti aux nomades et aux oiseaux migrateurs », déclare-t-il. « Partez ! Partez ! Partez !... », scandait la foule en colère. C'est à ce moment-là que s'élevèrent d'autres voix, nombreuses, pour demander le retour de Abdelhamid Mehri, ancien secrétaire général du FLN. « Mehri ! Mehri ! », entonnait la foule. Pour les contestataires, il n'y a pas d'autre choix devant les membres de l'instance exécutive du FLN que de quitter la chefferie du parti. « Nous, nous sommes respectueux des statuts et des textes du parti. Eux (les responsables de la direction) les ont piétinés. Nous ne voulons plus d'eux. Ils doivent partir et c'est le message que vous devez transmettre aux militants », clame M. Mekhalif avant d'ordonner la fin de l'action. Le rassemblement a pris fin vers 11h, et la foule s'est dispersée dans le calme.