Les dirigeants palestiniens se livrent à un dialogue de sourds. Cela est devenu si évident que plus personne ne prête attention à ce qui se dit, préférant être attentif aux actes, et depuis quelques jours avec la situation imposée aux Palestiniens. Ghaza : De notre correspondant Aussi, le chef en exil du mouvement islamiste Hamas, Khaled Mechaâl, s'est dit prêt vendredi à renouer « un dialogue sans condition » avec le président palestinien Mahmoud Abbas. Il répond ainsi à M. Abbas qui s'était dit lundi prêt à « ouvrir une nouvelle page » avec le Hamas si celui-ci renonçait au pouvoir dont il s'était emparé par la force dans la bande de Ghaza en juin dernier. Il a révélé que son mouvement avait opposé récemment une fin de non-recevoir à une proposition européenne d'une rencontre entre le Hamas et les Israéliens pour examiner les moyens de calmer la situation. Dans son discours, M. Mechaâl a dépeint une triste réalité : « Ghaza est affamée, encerclée mais elle résiste », dira-t-il. Effectivement, la population palestinienne de la bande de Ghaza vit depuis mercredi au rythme des agressions militaires israéliennes. Des incursions terrestres dans le sud et le nord du territoire où pas moins de 20 raids aériens ont caractérisé ces agressions meurtrières qui, selon des sources hospitalières, ont fait 17 morts et plus de 60 blessés, dont des femmes, des civils et des combattants de plusieurs factions armés. Les événements les plus sanglants ont été enregistrés, jeudi, au sud de la bande de Ghaza, dans la région de Beni Souhaïla située à l'est de la ville de Khan Younès, non loin de la ligne de démarcation avec le territoire israélien. Lors d'une incursion terrestre dans cette région agricole, l'armée israélienne a utilisé de gros moyens tels des chars de type Merkava, des bulldozers géants, ainsi que des hélicoptères d'assaut de type Apache et des drones ( avions espions sans pilote), mais également des avions de chasse de type F16. A Rafah ,au sud de Khan Younès, un membre des brigades des martyrs d'El Aqsa est parmi les victimes de la branche militaire du mouvement nationaliste Fatah, qui a été emprisonné par les hommes du Hamas quelques jours auparavant. L'homme en question était recherché par l'armée israélienne depuis longtemps. Le mouvement Fatah a accusé le Hamas d'être responsable de sa mort et d'avoir aidé, par son emprisonnement dans un lieu connu de tous, l'armée israélienne à l'atteindre. Des témoins ont indiqué que Ahmad Kechta, âgé de 27 ans, a été retiré de sous les décombres avec un bandeau sur les yeux et les menottes aux mains, alors que les hommes armés du Hamas présents sur les lieux ont réussi à s'enfuir, le laissant ainsi que d'autres détenus du Fatah face à leur destin. Ce militant était connu dans la ville de Rafah comme étant recherché par l'armée israélienne. Plusieurs autres militants du Fatah emprisonnés dans cette prison surnommée par les gens de la région de Tel Soltane, à Rafah, d'Abou-Ghraib, du nom de la célèbre prison irakienne, ont échappé miraculeusement à la mort. Ils avaient tous un bandeau sur les yeux et des menottes aux poignets. En Cisjordanie occupée, épargnée par les combats, c'est le scepticisme le plus profond. Car, en plus des barrages militaires et du mur de séparation qui divise la Cisjordanie et empoisonnent la vie quotidienne des citoyens, les Israéliens n'hésitent pas à lancer des actions armées de grande envergure comme celle de jeudi à Naplouse, la plus grande ville du territoire. Couvre-feu, arrestations de dizaines de citoyens, agressions, passage à tabac sont le lot de la barbarie israélienne. Cette escalade militaire dans l'ensemble des territoires palestiniens survient juste avant la visite toute proche du président américain George Bush dans la région. Ce président, en fin de mandat, croit malgré tout en la possibilité d'aboutir à la paix entre Israéliens et Palestiniens avant la fin de l'an 2008. « Je suis un homme optimiste », explique-t-il dans un entretien au quotidien israélien Yediot Ahronot publié vendredi. Israël et l'Autorité palestinienne devront trouver un compromis sur les frontières exactes de l'Etat palestinien, précise le président américain, ajoutant qu'il assurera aux dirigeants israéliens pendant sa visite que l'Etat hébreu n'aura pas à cohabiter avec un voisin qui cherche à le détruire. Mais la question se pose : qui veut détruire l'autre ?