Situé entre le quartier résidentiel d'Hydra et Bir Mourad Raïs, Sidi Yahia, le quartier branché par excellence, séduit de plus en plus. Les riverains attendent l'ouverture prochaine d'un centre commercial huppé et l'inauguration de la première boutique algérienne de l'enseigne espagnole Mango. En quelques années, Sidi Yahia a su se construire l'image d'un quartier très sélect. Fréquenté essentiellement par les expatriés et les nouveaux riches algérois, l'endroit voit son activité économique s'accroître. L'artère a été prise d'assaut par les marques françaises de prêt-à-porter féminin et masculin : Celio, Etam, Dixit, Carven ont conquis les Algériens. Même si les prix sont très souvent supérieurs à ceux appliqués dans l'hexagone, les boutiques ne désemplissent pas. « Les clients cherchent des produits de qualité, pour cela, ils sont prêts à dépenser 4500 DA pour un jean. » rapporte une vendeuse. Une clientèle que les bijouteries comptent séduire. On en dénombre trois à quelques mètres de distance. Là aussi les prix sont vertigineux et le paiement se fait fréquemment en devises. De nombreuses banques ont, elles aussi, choisi d'implanter leurs agences. Côte à côte, Société Générale, Fransabank et Arab Bank rivalisent d'élégance. Enfin, certains industriels ont établi leurs bureaux dans le secteur, la compagnie pétrolière Saipem, ou encore les transporteurs Maersk et CMA-CGM s'y sont établis. Le quartier a été conçu pour que les habitants des alentours trouvent tout sur place. Les Algérois peuvent ainsi s'habiller mais aussi se restaurer. Entièrement refait, le café-restaurant « Autre-Part » accueille une clientèle triée sur le volet dans un cadre feutré, sept jours sur sept. Des serveurs très courtois vous serviront les boissons chaudes dans des tasses très tendance (Nespresso, what else ?). Un service qui se paie, comptez 150 DA pour un thé en terrasse. Le soir, l'établissement propose deux ambiances : soirée karaoké au premier étage ou une atmosphère plus calme pour une cuisine raffinée au second étage. Continuant dans sa phase d'occidentalisation, la grande rue s'est récemment dotée d'un Quick qui a été inauguré en septembre dernier, mais qui tarde à ouvrir ses portes. Des problèmes administratifs seraient la cause de ce retard. Les consommateurs eux, s'impatientent. Après la pause-café, il est temps de remplir son réfrigérateur. Une multitude de magasins d'alimentation, tels que Maxi-Market, Ben Smaïl ou la supérette Sidi Yahia vendent des produits d'importation au coût souvent prohibitif. Une petite folie que certains étrangers sont prêts à s'offrir quand ils ont « le mal du pays ! » « J'avoue que je m'offre de temps à autre un fromage français. A 500 DA le camembert Président, je me dois de le savourer ! », confie une expatriée. L'endroit est en perpétuelle effervescence. Il n'y a que le vendredi matin où la rue connaît un bref instant de répit. En début de soirée, la fréquentation augmente, les travailleurs viennent faire leurs emplettes après leur journée de travail quant aux couche-tard, ils apprécient cette vie nocturne, la plupart des restaurateurs servent jusqu'à minuit. Seule ombre au tableau, le stationnement est un véritable casse-tête et réduit le potentiel commercial du quartier. Un problème que certains ont résolu en adoptant le stationnement en double file. Mais dans un secteur où la densité en Hummer et Mercedes est la plus élevée, cette solution ne fait qu'augmenter les embouteillages déjà monstres. Le dénouement arrivera peut-être avec le centre commercial qui sera doté, selon ses initiateurs, d'un parking souterrain.