Les jeunes pêcheurs bénéficiaires des aides de l'Etat, notamment des barques de pêche qui leur avaient été octroyées en 2002 dans le cadre d'une opération cumulée des ministères de la Pêche et de la Solidarité, sont en colère. Depuis quelques jours, plusieurs de ces jeunes ont multiplié les démarches et les correspondances pour alerter les pouvoirs publics sur, selon eux, l'arnaque dont ils ont été victimes. « Ce ne sont pas des barques que nous avons acquises mais des écumoires. Quelques jours à peine après leur réception, plusieurs de ces embarcations ont pris de l'eau de toute part. Pour nous calmer, les fournisseurs les ont reprises, les ont rafistolées puis nous les ont rendues. Certes, on dira que c'est nous-mêmes qui avons choisi les fournisseurs. Mais avait-on vraiment le choix sur une liste très limitée ? Mais qui a donc accordé à ces fournisseurs l'agrément nécessaire à l'activité de construction des barques et autres petits métiers ? A notre avis, tout a été fait pour que, en contrepartie d'importantes sommes d'argent destinées à l'acquisition, on nous livre des écumoires au lieu de barques destinées à la pêche. » Conséquence : des barques abandonnées sur les rivages ou dans les ports de Chetaïbi, Seybouse, Sidi Salem. « Ce sont des dizaines du jeunes qui s'étaient constitués en microentreprises de pêche au chômage avec en toile de fond un grand sentiment d'amertume vis-à-vis des pouvoirs publics qui nous ont arnaqués », diront la plupart d'entre eux, lorsque nous les avons contactés à Chetaïbi. Du côté des patrons de pêche professionnelle, la solidarité n'apparaît pas dans les propos de certains en activité du côté du port de pêche de la Grenouillère. « Pour prétendre activer dans notre milieu, il faut au moins quelques connaissances techniques sur le matériel, les équipements et l'armement de pêche. Une barque en polyester, ce n'est pas du blindé. Il suffit d'oublier de mettre quelques pneumatiques d'un seul côté ou en mettre des trop usés, pour que la barque soit gravement détériorée », a indiqué le raïs Abdenour, un vieux loup de mer. Il a ajouté avoir à maintes reprises alerté les jeunes pêcheurs sur les risques encourus par leur outil de travail en cas de mauvais entretien ou maintenance. Informée de cette situation, la direction de la pêche de la wilaya semble impuissante face au drame que vivent les jeunes pêcheurs. Pour M. Amoura, le directeur, les embarcations que ces jeunes ont acquises auprès de fournisseurs de leur choix sont conformes aux normes internationales de construction. « Un cahier des charges avait été établi par la wilaya et exécuté conformément aux dispositions qu'il contient. Les jeunes pêcheurs ont eux-mêmes choisi leur fournisseur sans intervention de nulle part. Ils en ont choisi deux des régions du centre du pays. Leur problème résulte d'une mauvaise utilisation des embarcations. Plusieurs d'entre eux n'ont pas su utiliser convenablement les barques, y compris les moteurs. Plusieurs avaries ont suivi et ont immobilisé la plupart. Ces avaries ont été prises en charge par les fournisseurs et réparées dans le cadre de la période de garantie », a expliqué le premier responsable de la pêche dans la wilaya.