Le mouvement de protestation des lycéens des classes de terminale, entamé un peu partout à travers quelques villes, a vite fait tache d'huile à Constantine, puisque ce qui n'était « qu'un chahut de jeunes qui ne tenaient pas à avoir cours », dixit un cadre de l'éducation, jeudi dernier, s'est transformé hier en une immense protesta, ayant touché l'écrasante majorité des lycées de la wilaya. En effet, dès 8h, des centaines de lycéens ont investi les rues de la ville, scandant des slogans hostiles au ministre de l'Education. Et tel un torrent, la foule des adolescents a grossi et, est devenue, au fur et à mesure, de plus en plus compacte, pour se diriger vers le siège de la direction de l'éducation sis au Coudiat, d'où elle sera chassée une première fois par le personnel, qui l'a aspergée d'eau, puis une seconde fois, vers midi, par des agents de l'ordre. Cette grève, que d'aucuns qualifieront de « spontanée », alors que d'autres pensent qu'elle est instrumentalisée, sera bien « décortiquée » par un communiqué des élèves du lycée El Houria, qui feront preuve de maturité en dénonçant, dans la foulée, aussi bien les programmes surchargés que ceux qui veulent détourner cette protestation à leur profit. Finalement, A. Guellil, directeur de l'éducation, dira : « Une délégation, composée d'élèves des classes de terminale, a été entendue. Nous leur avons expliqué que leurs revendications ont été prises en charge. Seulement, je tiens à rappeler que des éléments perturbateurs sont derrière ce mouvement qui a dégénéré à plusieurs reprises. Je dénoncerai en temps opportun ceux qui tirent les ficelles et exploitent l'innocence de nos enfants. » Pour rappel, la protesta, qui a commencé à Alger, a fait sortir Benbouzid de son mutisme, qui déclare, en substance, que les examens du bac seront limités au programme qui aura été dispensé. A Mila, les lycéens de la commune de Chelghoum Laïd, du moins ceux des lycées Mohamed Khemisti et Abdelmadjid Hirèche, ont organisé, dans la matinée d'hier, des mouvements de protestation pacifique, a-t-on appris de sources concordantes. A en croire des échos, qui nous sont parvenus de la ville de Ferdjioua, les lycéens de cette localité ont tenté de déclencher une manifestation qui sera, toutefois, dispersée après l'intervention des forces de l'ordre. A Mila, les lycéens ont improvisé une marche en ville entre les lycées Abdelhafid Boussouf et Didouche Mourad. A Guelma, c'est au niveau du parvis du lycée Mahmoud Benmahmoud que l'ensemble des lycéens de terminale de la ville de Guelma se sont réunis, hier après-midi, pour protester contre le volume des cours qui leur sont dispensés à ce jour. Nous les avons rencontrés, et ils avancent ceci : « Nous, lycéens des établissements Challal, Mahmoud Benmahmoud, Abdelhak Benhamouda et du 1er Novembre de la ville de Guelma, dénonçons, à travers notre mouvement de protestation, un programme qui, à ce jour, n'a été réalisé qu'à un tiers dans toutes les matières, et cela compromet fortement la préparation du baccalauréat. » Et d'ajouter : « Nous sommes insatisfaits du contenu de la lettre du ministère de l'Education nationale, qui nous a été lue ce matin, tant dans la forme que dans le fond. » Au moment où nous mettons sous presse, les lycéens étaient toujours rassemblés sur le parvis du lycée Mahmoud Benmahmoud. Hamid Bellagha, Karim Dadci , M. Boumelih