Le ministre justifiera sa réaction par le très faible taux de recouvrement des redevances locatives par les OPGI, mettant, étayera-t-il, ces dernières en difficulté financière. Le taux de recouvrement avancé à l'échelle nationale s'établit à 35% tandis que celui relevé dans la wilaya de Jijel n'est que de 32%. Le ministre estimera le maintien de cette politique comme non productive justifiant par là le retrait progressif de l'effort de l'état des programmes de logements sociaux au profit des formules de location-vente, logement social participatif (LSP) et aides pour le logement rural. Seulement, cette politique est grandement freinée par le manque d'outils de réalisation, particulièrement dans la wilaya où cette tare est considérée comme la principale source de blocage des programmes de développement. Abordant les retards accusés par la wilaya, le ministre évacuera tout de go les éventuels problèmes d'enveloppes. « Ce n'est pas un problème de moyens financiers », lâchera-t-il sèchement. Pour lui, le problème réside dans les RAR (reste à réaliser) car, comme le soulignera un de ses collaborateurs, « la tutelle ne peut geler des sommes d'argent qui ne seront pas consommées ». Mohamed Nadir Hamimid reviendra sur le programme annoncé par le président de la République de réaliser durant le prochain quinquennat un million de logements. Dans ce cadre, il dira que son département travaille pour « mettre à niveau toutes les wilayas ». L'objectif voulu par le gouvernement, ajoutera-t-il, concernant cet ambitieux programme vise à abaisser le taux d'occupation de logement (TOL) de 5,54 à 5. Pour la wilaya de Jijel, le TOL dépasse la moyenne nationale puisqu'il s'établit à 5,67. Le ministre, qui ne manquera pas par ailleurs de noter la différence entre la cadence imprimée au niveau des chantiers confiés aux Chinois et celle des nationaux, considérera celle des derniers « lamentable ». Concernant les constructions illicites, il dira qu'il faut être sévère avec ceux qui construisent sans permis et auxquels il promet « la destruction sans aucune autre forme de procédure, car ils ont transgressé la loi ». Il rappellera que ce dossier a été ouvert en 1985 puis fermé. Mais quant à son éventuelle réouverture, il précisera que cela relève d'une décision gouvernementale. Néanmoins, il ajoutera qu'un groupe de travail prépare une évaluation de ce parc pour éventuellement déterminer ce qui peut être régularisé. Ce n'est qu'à partir de toutes ces données que le gouvernement, dira-t-il, pourra se prononcer. Avec un programme de seulement 407 logements et qui peinent à voir le jour, M. Hamimid jugera que dans le cadre du LSP « l'effort n'a pas été fait dans la wilaya qui est très en retard », ajoutant que c'est « une opportunité qui n'a pas été saisie » dans un contexte où les aides de l'Etat lui font dire que « c'est l'âge d'or de l'habitat, il faut passer à l'acte et arrêter le verbiage ». Il lancera un défi aux autorités en se disant « prêt à aller jusqu'à 5000 logements LSP » pour la wilaya de Jijel. Abordant le problème de glissements de terrain, notamment dans la commune d'El Milia, le ministre annoncera qu'une « mission d'enquête sera dépêchée sur place » et d'instruire l'ensemble des intervenants de l'Etat de « passer à la loupe les études géotechniques ». Revenant sur le logement social, il dira que la wilaya a bénéficié, de 1997 à 2004, de 5400 logements. Ce chiffre donne une moyenne annuelle de 771 unités, alors que la demande dans les seuls trois grands centres urbains de la wilaya (Jijel, Taher et El Milia) dépasse 30 000. Seulement, il convient de souligner que malgré la faiblesse des quotas dont est dotée la wilaya, élus et citoyens s'étonnent des difficultés qu'on trouve pour mener à bien ces réalisations. Certes, la dernière décennie a lourdement handicapé la région, mais est-ce la seule explication ? Ainsi, sur les 5400 logements, 4071 ont été achevés, 703 sont toujours en cours de réalisation et... 626 non encore lancés. Ce qui poussera M. Hamimid à instruire les autorités de wilaya de lancer ces derniers avant la fin de l'année. La visite d'un ministre de l'Habitat, qui est attendue depuis cinq années, n'a pas atténué la déception du ministre qui est venu « parler gentiment, car la prochaine fois, je le ferai méchamment ».