Combien de maires seront issus de l'immigration au lendemain des scrutins municipaux de mars prochain ? Un regard sur les têtes de liste proposées par les partis politiques, qui comptent (de droite à gauche : UMP, Modem et PS), laisse entrevoir de nouveau un fiasco sur toute la ligne. Lyon : De notre correspondant Contrairement aux promesses faites depuis quelques années, la récolte sera mince. Dans les listes qui commencent à être connues avec certitude, il n'y aura pas beaucoup de candidats issus de l'immigration en capacité d'accéder à des mandats de maires dans les grandes villes françaises, c'est-à-dire placés en têtes de liste. Hormis les communes de banlieue, si les électeurs suivent ! Une seule exception, le parti présidentiel a désigné un Français d'origine algérienne, Karim Boudjema, à Rennes, une grande ville de 220 000 habitants (388 000 habitants en comptant la communauté d'agglomération). Le candidat, âgé de 51 ans, doit tenter de battre le candidat du parti socialiste qui détient cette ville. Edmond Hervé, le maire sortant, a annoncé qu'il ne se représentera pas. Maire depuis 1977, il avait été ministre de 1981 à 1986 et député jusqu'en 2002. Karim Boudjema, un médecin de renommée mondiale N'ayant jamais fait de politique, Karim Boudjema avait été le président du comité de soutien départemental d'Ile-Et-Vilaine à Nicolas Sarkozy en mai dernier. S'il était élu, ce serait une première pour une ville de cette importance, mais cela semble difficile car lors du second tour de la dernière élection présidentielle, la socialiste Ségolène Royal avait remporté 62,71% des voix... N'empêche que ce candidat a un parcours étonnant d'immigré, qu'il décrit lui-même sur son site de campagne : « Karim Boudjema est né en 1957 à Taher en Algérie. Son père est médecin et sa mère, Française, pharmacienne. Il arrive en 1973 à Paris pour passer son bac qu'il obtient à 16 ans. Il devient médecin à 22 ans. Il épouse Stéphanie Kronlund, Suédoise, alors qu'elle poursuit ses études de droit et que, lui-même, vient d'être reçu à l'internat de Strasbourg. Ils ont trois enfants. La grande aventure de la greffe du foie débute en 1985. Sa renommée devient mondiale lorsqu'il réussit les premières greffes auxiliaires chez l'enfant au début des années 1990. Il est aujourd'hui professeur de médecine et chef du département chirurgie viscérale au CHU Pontchaillou à Rennes. Grand spécialiste français de la transplantation hépatique, Karim Boudjema dirige l'un des plus importants centres de greffe hépatique français (80 à 100 greffes par an). Son équipe vient de fêter la 1000e greffe hépatique. » Parmi le peu de candidats issus de l'immigration algérienne, on sait déjà que Rachid Kaci, un des dirigeants de l'UMP, se lance à Nanterre, avec l'investiture de son parti. Président du courant associé à l'UMP La Droite libre, à tendance libérale conservatrice, Rachid Kaci était candidat à l'investiture UMP pour l'élection présidentielle de 2007. Il s'en est retiré pour soutenir Nicolas Sarkozy. Le 31 août 2007, il a été nommé conseiller technique de la présidence de la République. Egalement pour le parti de Nicolas Sarkozy, Fayçal Menia sera tête de liste à Aubervilliers (bastion communiste de longue date), Kamel Hamza à La Courneuve, et Kader Abdellali à Stains, toujours dans la banlieue parisienne. C'est tout pour les villes de plus 30 000 habitants, au nombre de 281 dans l'Hexagone. A Paris, dans le VIIe arrondissement, c'est Rachida Dati qui prendra la tête de l'UMP. Au compte-gouttes pour le PS D'autres candidats issus de l'immigration seront sur les listes, mais pour des places de conseiller municipal ou, au mieux, d'adjoints au maire. Au Parti socialiste, on cherche au microscope les éventuels futurs maires. Le responsable du Mouvement de la jeunesse socialiste, Razzie Hamadi, sera la tête de liste à Orly, dans la banlieue parisienne. Quant à Faouzi Lamdaoui, secrétaire national du PS, qui devait partir sur Argenteuil, il a été coiffé sur le poteau. Le Mouvement démocrate de François Bayrou, qui avait fait capoter en décembre la candidature d'Azouz Begag à Lyon, présente une panoplie de personnes issues de l'immigration en tête de liste dans des communes de la couronne parisienne (Stains, La Courneuve, Aulnay-Sous Bois, Sarcelles, Villetaneuse, Le Blanc-Mesnil…), à Vaulx-En-Velin (banlieue lyonnaise) et dans un secteur de Marseille, le 8e. Son candidat du 7e secteur a déserté pour rejoindre la liste socialiste de Guérini.Enfin, du côté des Noirs, le Conseil représentatif des associations noires (Cran), est monté au créneau ces derniers jours pour lancer une campagne nationale pour encourager les Français des minorités visibles à se présenter aux élections municipales. Le Cran va créer dans chaque département des comités de vigilance chargés de surveiller la bonne composition des listes. En cas de manquement, ces comités pourraient également appeler au boycott.