« Je suis pour que toutes les investigations nécessaires soient faites et que les assassins soient retrouvés, jugés et condamnés pour leur crime », a tenu à signaler Me Ksentini hier. Le président de la Commission nationale pour la protection et la promotion des droits de l'homme, Farouk Ksentini, a encouragé hier la justice française à faire la lumière sur l'assassinat de l'avocat et homme politique Ali Mecili. Invité à l'émission de la radio Chaîne III « En toute franchise », Me Ksentini a souligné en réponse à une question sur les deux mandats d'arrêt émis en France contre les assassins de l'opposant algérien, qu'il « est tout à fait normal que ces assassins soient poursuivis et que le juge d'instruction français engage une procédure afin de les juger et condamner, du moment que le crime a eu lieu sur le sol français », dira-t-il. Maître Ksentini qui dit avoir été à la même école que le défunt Mecili s'estime être contre tous les assassinats et à plus forte raison les assassinats politiques : « Je suis pour que toutes les investigations nécessaires soient faites et que les assassins soient retrouvés, jugés et condamnés pour leur crime. » « VOLONTE D'INSTRUMENTALISATION » Quant au choix de ce rebondissement intervenant vingt ans après l'assassinat, Me Ksentini se verra dire qu'il peut y avoir une volonté d'instrumentalisation de l'affaire du fait des relations passionnelles algéro-françaises. Le responsable de la CNPPDH a dénoncé sur un autre registre la facilité avec laquelle les ressortissants algériens sont pris pour cible à l'étranger. L'avocat prendra comme exemple celui des prisonniers algériens en Libye. « Je dénonce la décision de justice qui a mené à l'amputation des mains de trois de nos compatriotes. Il est peu concevable que des Algériens qui sont partis à la recherche d'un travail pour se faire une situation soient devenus des malfaiteurs. Je ne crois pas en la justesse de ces jugements », dira-t-il en s'interrogeant aussi sur la manière avec laquelle les enseignants algériens ont été traités en Egypte. Evoquant la décision onusienne pour l'ouverture d'une enquête sur les attentats du 11 décembre, Me Ksentini a affirmé que « cette idée d'enquête fait resurgir le vieux problème du qui tue qui, cela laisse entendre que ce sont les forces de l'ordre qui ont commis ces attentats. Le secrétaire général de l'ONU a fait marche arrière, car il a été bien inspiré par la réaction de l'Algérie », et de reprendre : « C'est une injure facile à l'Algérie et aux victimes. » « mépris de l'administration » Sur le chapitre des droits humains en Algérie, l'invité de la radio pousse la satisfaction à placer l'Algérie au deuxième rang après l'Afrique du Sud en matière de respect et d'émancipation des droits et relèvera toutefois un bémol en matière des droits sociaux et marquera un recul quant à ses précédentes déclarations faisant état de l'existence d'un risque d'explosion. « J'ai parlé de tension palpable et non pas d'explosion », indique Me Ksentini. Ce dernier affirme avoir consigné dans son rapport présenté au président de la République ces remarques : « Nous avons demandé que le problème de la faiblesse du pouvoir d'achat soit sérieusement examiné. Voir des jeunes se jeter à la mer pour fuir le mal-vivre, il y a de quoi être alarmé et anxieux », note le président de la CNPPDH. En termes de médiation, le même invité fera remarquer que sa commission se heurte au mépris de l'administration : « L'administration, à tous les niveaux local et central, ne s'embarrasse pas de nos interventions, nous sommes sujets au mépris, ce qui est une entrave importante à notre mission », explique Me Ksentini.