La commission assiste, selon lui, plus de 300 Algériens détenus à l'étranger. “Honnêtement, les droits de l'Homme progressent de manière sûre, concrète et vérifiable dans notre pays”, déclarait, hier, le président de la Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'Homme, Farouk Ksentini, sur le plateau de l'émission “Invité de la presse” de la radio Chaîne II. Affirmant qu'il est difficile de combler le déficit accumulé en la matière depuis l'indépendance en 1962, Me Ksentini soulignera que “l'Algérie est un pays émergent par rapport à la question des droits de l'Homme si on le comparaît aux démocraties occidentales”. L'invité de la Chaîne II, qui reconnaît, en effet, qu'il y a des questions qui restent pendantes, comme celles liées à la liberté de la presse, aux restrictions qui touchent l'activité politique, dira que “les droits de l'Homme sont une culture. Une culture difficile à répandre dans notre société”, selon lui. “Je suis contre l'idée de voir des journalistes en prison, ce n'est pas normal”, martèlera Farouk Ksentini pour qui le journaliste a le droit de tout dire dans le respect des règles de la déontologie de la profession. “Dans nos rapports, nous n'avons cessé d'affirmer qu'il n'y a pas de démocratie sans presse libre”, soulignera le président de la CNPPDH tout en précisant toutefois que “l'organisme qu'il dirige n'a pas de pouvoir de décision”. Ce n'est qu'une commission consultative, tiendra-t-il à souligner tout en avouant que “pour entretenir la liberté, il faut une lutte permanente”. En déplorant aussi que des journalistes soient encore en prison, Farouk Ksentini est cependant convaincu que les choses vont en s'améliorant. À une question relative au dossier des disparus qui a fait couler beaucoup d'encre, l'invité de la Chaîne II dira que sa commission en a fait une préoccupation majeure depuis 2001. “Nous avons voulu avancer et nous avons contacté plus de 5 000 familles de disparus, dont 77% ont accepté de recevoir les indemnités”, confiera encore M. Ksentini. Mais ces familles, ajoutera-t-il, ne veulent pas s'arrêter là, “elles veulent aussi l'établissement de la vérité sur la disparition de leurs proches. C'est de leur droit, nous sommes en démocratie”, lâchera le président de la CNPPDH qui, par contre, réfutera l'idée qu'il existe encore des Algériens détenus au secret sur le territoire national. À propos des Algériens détenus à l'étranger pour des affaires de terrorisme, Farouk Ksentini révélera qu'il vient de rentrer d'Espagne où il a assisté au début du procès de Brahim Ahmed détenu depuis quatre ans. “J'ai examiné son dossier dans lequel il est accusé d'appartenir à Al-Qaïda ; il est vide”, soulignera l'invité de la Chaîne II qui affirmera que la commission assiste moralement plus de 300 Algériens détenus à l'étranger. À une question sur les dernières déclarations de Madani Mezrag au magazine Jeune Afrique l'Intelligent, M. Ksentini dira que “si ses sorties sont confirmées, je les trouve regrettables, c'est le moins que je puisse dire. Ce ne sont pas des déclarations qui feront avancer les choses dans la bonne direction”. À propos des ONG, le président de la Commission nationale pour la promotion et la protection des droits de l'Homme indiquera qu'elles avaient pris fait et cause avec le terrorisme qu'elles qualifiaient à l'époque “d'opposition démocratique”. “Quel est cet Etat qui a combattu victorieusement seul 25 000 terroristes ?” s'interrogera Farouk Ksentini avant de conclure qu'il a fallu le 11 septembre pour que les ONG comprennent la nature du terrorisme auquel le pays a fait face. K. Daoudi