Pour la première fois, le cinéma algérien est à l'honneur dans les régions du sud-ouest français. En effet, du 30 janvier au 12 février, ce sont pas moins de sept longs métrages et autant de courts métrages qui seront proposés aux cinéphiles de sept grandes villes de la région dont Montpellier, Nîmes, Alès, Sète, Béziers et Perpignan. Donc, sept sur sept pour le septième art. Ce panorama, dédié au cinéma algérien, a été initié par Jacques Choukroun, natif d'Algérie et professeur de cinéma à l'université des arts et lettres Paul Valéry de Montpellier. Pour l'initiateur de cette manifestation, qui n'a pas caché son immense satisfaction de voir enfin son projet se concrétiser, celle-ci drainera du monde. « Le public de la région est friand de ce genre de manifestation, affirme-t-il, surtout quand un aspect important de la culture algérienne est mis à l'honneur. ». Il en souligne aussi l'envergure particulière puisque selon lui, « ce panorama est inédit dans les annales des festivités ayant trait au cinéma dans la région car il associe deux grands départements du sud de la France et pas moins de sept villes ». L'organisateur tient, par ailleurs, à signaler que ce projet a pu voir le jour notamment grâce à l'implication de certaines associations qui travaillent pour le rapprochement entre les deux rives de la Méditerranée, comme : « Identités et partage », « France-Algérie », « Coup de Soleil » et « France El Djazaïr ». Ces associations ont apporté une aide financière appréciable mais leur apport se traduit aussi et surtout par une présence humaine importante, indispensable à la réussite des débats qui suivent la projection des films. Il ne fait pas de doute non plus que la communauté algérienne dans cette région et notamment dans les milieux universitaires marquera son intérêt pour la filmographie nationale qui demeure, pour diverses raisons, peu diffusée par les grands réseaux de salles ou les chaînes de télévision. Ce panorama du cinéma algérien permettra au public nombreux de rencontrer lors des séances des réalisateurs et des acteurs ainsi que le directeur de la cinémathèque d'Oran. Les films retenus par les organisateurs de ce panorama ont été puisés dans une filmographie qui restitue l'évolution du cinéma algérien depuis l'indépendance à nos jours. Sans être exhaustifs, les organisateurs ont cherché essentiellement à représenter les différentes étapes du cinéma algérien ainsi que les genres et œuvres en mesure de les illustrer. On peut citer parmi les films qui seront projetés : Le vent des Aurès (1967, Prix de la première œuvre au festival de Cannes) et Hassan Terro (1968) de Mohamed Lakhdar Hamina, Le Charbonnier (1972) de feu Mohamed Bouaamari, Youcef (1999) et La Citadelle (1999) de Mohamed Chouikh, Si Muhand u Mhand (2004) de Lyazid Khodja et Rachid Benallel et le film culte Omar Gatlato (1976) de Merzak Allouache qui a constitué un moment fort dans l'émergence d'un nouveau cinéma en Algérie. Les courts métrages n'ont pas été omis du programme pour leur intérêt documentaire ou leur qualité de fiction et l'apparition à travers ce genre de jeunes cinéastes qui représentent un potentiel d'avenir. Il est à noter que cette sélection répond aussi à des impératifs pédagogiques dans la mesure où le cinéma algérien fait partie des enseignements au programme des sections « Arts du spectacle » de l'Université de Montpellier. Ce panorama aidera donc les étudiants de ce cursus à s'imprégner concrètement des thématiques et du devenir du cinéma algérien en passant de la théorie à la pratique. Et comme un bonheur ne vient jamais seul, les organisateurs ont réussi à mobiliser au niveau de la ville de Montpellier les deux grandes salles de cinéma que compte l'agglomération, à savoir l'Utopia et le Diagonal et à des horaires de grandes fréquentations comme les séances de vingt heures. Ces éléments illustrent l'intérêt accordé par la ville et la région à la manifestation. Enfin, Jacques Choukroun espère inscrire ce panorama dans la durée, comme un lien entre les deux rives et un tremplin à la filmographie algérienne qui manque encore de visibilité en France en dépit de l'évident attrait qu'elle exerce.