Célébrée depuis 1997, la Journée mondiale des zones humides est cette année placée sous le thème : « Notre santé dépend de celles des zones humides ». Ce thème sera aussi celui de la 10e session des parties contractantes à la convention Ramsar qui se tiendra en octobre-novembre prochains en République de Corée. La célébration de cette journée est l'occasion de faire le point sur ces milieux d'une grande richesse biologique, mais extrêmement vulnérables parce que fragiles. En Algérie, depuis une dizaine d'années, un travail d'inventaire considérable a été effectué par la Direction générale des forêts (DGF) qui a la charge de la conservation de ces milieux. Il faut cependant déplorer que le classement sur la liste Ramsar n'a pas, comme c'est courant chez nous, été suivi de la mise en œuvre des obligations qui découlent de ce titre, notamment la mise en application par les plans de gestion du « principe de l'utilisation rationnelle ». On a tout classé à tour de bras, sans prendre préalablement les mesures pour assurer la conservation de ces sites. Il est vrai, certes, que ce n'est pas chose aisée sur le terrain, lorsque la volonté politique fait défaut et que la protection de l'environnement se satisfait de palabres pédants. En revanche, les sites algériens des zones arides (gueltas et oasis) et semi-arides (chotts et sebkhas) ont fait découvrir à la communauté internationale des milieux, jusque-là inconnus et insoupçonnés. Les lacs d'El Kala encore plus menacés La wilaya d'El Tarf est celle qui compte le plus grand nombre de zones humides, plus d'une trentaine qui, il faut le préciser, ne sont pas toutes dans le parc national d'El Kala, comme par exemple le lac des Oiseaux. Ajoutons, dans ce même registre, que des zones humides, zones intégrales du parc ne sont pas non plus systématiquement des sites Ramsar, comme c'est le cas pour le lac de Bou Redim. Ceci pour montrer que les statuts de protection et les classements sont deux choses bien différentes, même s'ils ont les mêmes buts et obligations. Avec, en 2006, le classement du lac Mellah et le lac Bleu sur la liste Ramsar, El Tarf a aussi le plus grand nombre de zones humides d'importance internationale. 6 en tout. Les premiers sont le lac Tonga, une zone marécageuse de 2600 ha qui abrite une importante zone de nidification d'oiseaux d'eau, et le lac Oubeira, un étang de 2200 ha qui a connu bien des déboires, à la fois sanctuaire pour des espèces endémiques de faune et de flore, et de « havre de paix » pour les oiseaux. Ces deux sites ont été inscrits en 1983 pour permettre à l'Algérie de déposer les instruments de ratification à la convention Ramsar qui, rappelons-le, est le seul traité gouvernemental à concerner exclusivement un type de milieu bien déterminé. Puis vint la grande vague des classements avec en 1999, le lac des Oiseaux un étang de 40 ha puis, en 2003, l'infortuné lac Noir, disparu pendant dix ans, aspiré par des forages et, avec lui, des espèces endémiques et reliques, puis réapparu miraculeusement il y quatre ans à la faveur d'une bonne pluviométrie mais, bien entendu, sans sa faune et sa flore si particulière. En 2003 également, l'aulnaie de Righia, forêt humide marécageuse, qui avec ses 600 ha forme l'unique peuplement de cette étendue en Afrique du Nord. Elle est grignotée de toutes parts par l'extension illégale mais autorisée, de « parcelles agricoles urbanisées ». Le Parc national d'El Kala, qui a la mission de protéger un inestimable patrimoine naturel, doit beaucoup à ses zones humides. Sa renommée internationale et surtout sa place en tant que principal centre de la biodiversité en Méditerranée.