Des bidonvilles, on en trouve partout et aussi sur les immeubles. Faites de bric et de brac, souvent de tôles accolées, le tout couvert de zinc, des habitations sont aménagées dans les buanderies des terrasses de Bab El Oued. Il n'y a pas un coin d'épargné. Lorsque l'on prend de la hauteur, ces excroissances s'offrent aux visiteurs. Les voisins de ces gens « encombrants » s'y font et préfèrent ne pas dénoncer ces pratiques prohibées par la réglementation, alors que l'APC de Bab El Oued s'en défend. « La période de crise qu'a connue le pays et le flottement des responsabilités ont fait que ce phénomène a pris de l'ampleur. La promiscuité dans les logements en est la cause principale », atteste-t-on à l'APC de Bab El Oued qui n'a signé aucun arrêté de démolition. Des familles ne possédant que deux enfants se sont agrandies et avec le mariage du fils, l'espace se réduit. Si d'aventure un membre de famille se marie, il ne sait où aller. Seule solution : construire une baraque. Où ? Sur le toit de l'immeuble s'il est accessible. Dès qu'il a des enfants, il agrandit la buanderie, de façon à avoir une dépendance où il mettra ses affaires. Cette situation ne va pas sans soucis pour le voisin d'en-bas, sans compter que la structure se fragilise encore plus. Un incident intervient, et c'est toute la structure de l'immeuble qui est touchée de plein fouet. Le wali a pris la décision d'interdire les citernes, sans pour autant empêcher les personnes de les acquérir et de les placer sur des balcons. Le recensement effectué par l'APC de Bab El Oued fait ressortir que « jusqu'à aujourd'hui, 400 familles occupent les terrasses des immeubles ». « Les occupants de ces espaces se sont présentés à l'APC pour être portés sur le registre ouvert à cet effet », relève-t-on. Sans être corroborés par les services techniques, d'autres indiscrétions parlent d'un millier de résidants. Des sources à l'APC affirment que les bidonvilles « normalisés » ne sont pas de la proportion remarquée partout ailleurs. Seulement, 42 familles sont réparties à travers plusieurs sites de la commune. S'y ajoutent le millier de familles qui occupent les caves des immeubles, fragilisant ainsi les bâtiments. Le chiffre reste effarant : pas moins de 80% des immeubles de la commune d'à peine 2 km² sont à réhabiliter. Seule une partie des habitations, se trouvant au Kittani et à flanc de la colline du ministère de la Défense (MDN), est quelque peu épargnée, puisque ne dépassant pas les 100 ans d'âge. La partie donnant sur la mer et celle se trouvant un peu plus haut « sont irrémédiablement touchées ». « Quelque 3035 des immeubles sont ainsi à réhabiliter. 2449 bâtisses sont classées dans la catégorie vert, 31 063 orange, alors que celles classées dans la catégorie orange 4 sont au nombre de 1523 », relève notre source. Les 27 bâtisses classées rouge recensées sont en passe d'être démolies. « Les personnes n'y résident pas », indique notre interlocuteur en assurant que 280 familles ont été relogées à cette occasion. Sauf qu'un problème s'est posé aux instances techniques de l'APC. « L'indemnisation des 55 commerces pose toujours problème », atteste-t-il. Les services techniques de l'APC pointent du doigt l'OPGI, propriétaire du parc immobilier de la commune. Interpellé concernant la gestion de ces immeubles, l'Office de Bir Mourad Raïs fait entrer l'administration locale, « chargée seulement du recensement », dans des considérations dont elle aurait pu faire l'économie. « Ce qui nous intéresse, c'est de préserver la vie des gens. Le vide juridique sur le traitement des propriétaires et des locataires persiste », s'indigne-t-on.