Le chiffre des personnes en détresse, que ce service d'aide recueille, augmente en permanence, rappelle le directeur général du SAMU, M. Alilat, non sans faire remarquer avec une pointe d'amertume que la « déchéance humaine est nationale ». Au cours de l'année 2007, le Samu social de la wilaya a porté aide et assistance à 2550 personnes vivant dans les dédales des rues dans une situation de précarité et de détresse sociale. Un chiffre en croissance par rapport à l'année 2006 qui était de 2460, rappelle le directeur général du Samu social de la wilaya, Mustapha Alilat, qui souligne que 2550 sans-domicile-fixe (SDF) dont 889 femmes et 228 enfants ont été recueillis en 2007 et ce, grâce à quatre équipes mobiles d'intervention qui sillonnent les rues des différentes circonscriptions. Parmi les sans-abris recueillis, les hommes constituent le gros lot des démunis. « Le rituel professionnel des équipes d'intervention se résume dans le travail de proximité, celui du repérage et du discernement des personnes SDF dans certains endroits où elles élisent habituellement domicile, avant de les conduire et faire l'évaluation de leur situation dans notre centre à Dely Ibrahim (…). Une tâche que nous assurons 7 jours sur 7 et H 24 par nos équipes spécialisées, composées de médecins, de psychologues, de sociologues et d'infirmiers », explique le premier responsable du Samu. Les circonscriptions qui ont enregistré le plus grand nombre de personnes en détresse recueillies en 2007 par la structure, sont respectivement Bab El Oued et Alger-Centre, avec respectivement 420 et 414 sans-domicile-fixe. Le nombre de personnes dans le besoin que le Samu recueille augmente en permanence, rappelle M. Alilat, non sans faire remarquer avec une pointe d'amertume que la « déchéance humaine est nationale ». Aussi, si auparavant, ces personnes « venaient des wilayas limitrophes, nous enregistrons depuis quelques années, de plus en plus de gens originaires des régions éloignées », relève le directeur général du Samu, qui met l'accent sur la frange de population fragile, notamment « celle qui présente des signes psychiatriques que nous orientons pour une prise en charge efficiente vers des établissements spécialisés ». Il s'agit, également, des enfants qui, jetés en pâture dans les rues de la capitale, se mêlent à une autre catégorie bien plus dangereuse, celle qui s'adonne à différents vices (drogue, prostitution,...). A notre interrogation pour savoir les motifs principaux qui incitent ces personnes à quitter leur domicile, M. Alilat met en avant la somme de plusieurs facteurs à l'origine de la fracture familiale et de la contrainte sociale. Les femmes et les filles fuguent de leurs régions, à cause généralement de la violence physique qu'elles subissent par leur entourage et de la désertion de leurs conjoints ou parents qui, le plus souvent refusent de les prendre en charge, soit par irresponsabilité, soit suite à une question « d'honneur ». Quant à la gent masculine, elle vient de l'intérieur du pays en quête de cieux plus cléments. « Les hommes rejoignent, en effet, les grandes villes à cause de la dèche sociale de leur localité », dit-il. Ils cherchent à dégoter un job au risque de dormir dans le froid sous les arcades des rues de la capitale ou dans un quelconque taudis. « Du 12 au 19 janvier dernier, nous avons mis en branle la caravane humaine pour recueillir plus de 140 personnes », indique-t-il. « Les équipes du Samu se retrouvent parfois devant des cas de conscience. Il s'agit de ces familles en détresse jetées carrément à la rue, que nous soulageons (…) ». « Nous leur venons en aide, certes, pendant un, deux, voire trois mois ou plus, notamment lorsque la météo se gâte, mais est-il de notre prérogative de les maintenir dans le centre indéfiniment ou leur attribuer un logement ? », s'interroge notre interlocuteur. En revanche, nombre de SDF refusent, dira M. Alilat, d'être conduits au centre pour une première évaluation de leur état, avant leur placement dans un centre qui répond à leur profil. Ils préfèrent tirer leur pitance du statut que leur « offre » la rue… Quant à ceux qui fuguent, après avoir intégré le centre, ils représentent 5%, selon le responsable. Pour l'année 2007, 146 femmes seulement ont pu être réinsérées dans leurs familles, 21 filles dans le cadre de la réinsertion sociale (accompagnement alimentaire et couverture médicale) et 18 dans un centre spécialisé (social, médical). Quant à l'équipement, le Samu bénéficie d'un budget de fonctionnement de l'ordre de 56 millions de dinars en sus d'une aide financière de 25 millions de dinars pour l'octroi d'un équipement adéquat, dont l'acquisition de véhicules appropriés.