Le document à charge pour lequel sont poursuivis le directeur d'El Watan et la journaliste Salima Tlemçani est considéré comme nul par leurs avocats du fait qu'il ne comporte dans aucune de ses clauses les motivations qui ont conduit le plaignant à recourir à la justice, condition et éléments essentiels prévus par le code de procédure pénale pour la validité du renvoi d'une quelconque affaire devant un tribunal. C'est par ce constat, on ne peut plus important, que les deux avocats, maîtres Bourayou et Ben Mahdi, ont conclu leur plaidoirie hier dans le cadre du procès qui oppose l'ex-wali d'Oran au journal El Watan, à propos d'une interview réalisée par Salima Tlemçani avec Kada Hezil, ex-directeur de l'action sociale de la wilaya d'Oran. Celui-ci avait accusé, en 2001, l'ex-wali d'Oran et l'ex-commandant de la deuxième Région militaire de faire partie d'un réseau de trafic de drogue ; accusation qui lui avait valu trois ans de prison avant d'être acquitté suite à un pourvoi en cassation. La partie civile reproche au journal la publication des nom et prénom du wali dans l'interview en question et dans laquelle Kada Hezil croit savoir qu'il possède des preuves irréfutables de ses dires (son acquittement en est une, déclarait-il hier durant l'audience) et la modification et la suppression de quelques passages contenus dans une mise au point adressée par le plaignant au journal, lui demandant de l'insérer dans le cadre du droit de réponse, accusation rejetée par Salima Tlemçani qui a, en revanche, reconnu avoir supprimé pas plus de deux lignes comportant des propos injurieux et diffamatoires envers des personnes. Pratique qu'aurait fait tout journal qui se respecte, insiste-t-elle. S'agissant de l'accusation ayant trait à l'humiliation d'un haut fonctionnaire d'Etat dans l'exercice de ses fonctions, les deux avocats du journal ont démontré au tribunal que cette accusation ne devait pas figurer dans l'arrêt de renvoi déjà très discutable, car le plaignant est actuellement (et même au moment des faits) en retraite et partant l'ex-wali d'Oran ne jouit plus de la qualité de haut fonctionnaire d'Etat. En plus des preuves matérielles fournies par les deux avocats pour convaincre le tribunal de la nullité de cette accusation, la non-réaction de la partie adverse à cette remarque de taille pourra renverser la vapeur, estime-t-on au prétoire vide du reste du fait que la présidente avait préféré juger cette affaire après liquidation de tous les dossiers d'hier. Avant les plaidoiries des avocats du journal, le représentant du parquet de la République avait réclamé, après un bref réquisitoire, trois mois de prison ferme contre Salima Tlemçani et Omar Belhouchet. La décision du tribunal est attendue le 19 février courant.