Aelle toute seule la presse algérienne ne peut pas faire bien sûr l'inventaire d'un pays trop immense, et pour elle et pour ses habitants. Malgré tout, en mettant bout à bout des bribes de messages, elle nous dit du jus des réalités. En particulier, et c'est ce qui nous pose question aujourd'hui, de comment la société algérienne vit à notre époque ses relations avec Dame nature, et ses bénédictions que nous ont léguées les ancêtres. Deux choses, publiées cette semaine, en donnent écume des temps. Les faits relevés ne sont pas aussi dérisoires par rapport à « l'ordre du jour », fomenté par un agenda officiel dictant une actualité nationale « naturellement » assujettie à la cerise du troisième mandat présidentiel miroitée par une révision de la Constitution. Le premier de ces faits ressort d'un article, mis en vitrine, sur les projets grandioses d'un promoteur d'un pharaonique morceau de la baie d'Alger. Son morceau domanial sur le pourtour de la baie jouxte quasiment l'assiette prévue pour la plus grande mosquée, au moins d'Algérie, voulue par M. Bouteflika. A côté, il nous est conté cette semaine que pas moins de deux cents oliviers de « grande race », et âgés de deux cents ans – c'est la force de l'âge de ce noble arbre, vous diront les paysans qui savent ce dont ils parlent – sont importés d'Espagne pour y être transplantés. D'aucuns pourraient s'en réjouir de cette transhumance, féconde de vie entre les rives Nord et Sud de Méditerranée ; et qui, elle, ne charrie pas des cadavres de desperados harraga. Mais il y a comme une bulle océanique : l'oléiculture se meurt en Algérie, et d'une façon plus avancée ce sont nos terres et l'écologie qui sont frappées de désertification. Un promoteur clinquant d'imagination, et dopé d'entrisme, peut acheter des tas d'artefacts importés ; comme les émirs de Dubai jusqu'à la neige de Suisse. Par contre, et c'est là où peut-être « l'outre est trouée », comme dit d'adage ancestral, comment décoder le message de Sellal, ministre des Ressources en Eaux, quand il annonce : « Plus du tiers des communes du pays ne payent pas leurs factures d'eau » ? Ceci est asséné sur l'écran de l'ENTV. N'oublions pas quand même qu'il n' y a pas si longtemps le même ministre a fait passer comme une lettre à la poste, devant ce qui nous tient lieu d'Assemblée nationale, une loi qui offre « sursis » aux maffias des sables pour continuer d'assécher les oueds du pays.