Une augmentation de 50% de l'effectif des agents de police est prévue d'ici 2009. La criminalité en Algérie prend des proportions de plus en plus inquiétantes. La sonnette d'alarme est tirée. Le constat établi par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales laisse croire que la criminalité, sous ses différentes formes, constituera le prochain défi à relever par les services de sécurité après celui de la lutte contre le terrorisme. Jeudi, lors d'une séance plénière de l'Assemblée populaire nationale (APN) consacrée aux questions orales, M.Dahou Ould Kablia, ministre délégué chargé des Collectivités locales, a brossé un tableau noir sur la propagation du phénomène de la criminalité et du trafic de drogue. Ce phénomène a enregistré une hausse de 5,2% durant 2005 et le premier trimestre 2006, avec plus de 2500 actes criminels supplémentaires par rapport à 2004. Les grandes villes telles que Alger, Oran, Annaba, Constantine, Tébessa, Skikda, Sétif viennent en tête de liste des régions les plus en proie au crime. Par ailleurs, c'est le vol qui chapeaute la liste des délits à hauteur de 62%, avec plus de 51.000 opérations de vol perpétrées. Sur la longue liste des crimes commis, le représentant du gouvernement évoque en substance, l' atteinte aux personnes et aux biens avec 204 actes contre 178 en 2004, l'atteinte aux moeurs 3688 plaintes, coups et blessures, 298 délit contre 170 en 2004. Le rapport présenté par le ministre démontre le retour au kidnapping avec 101 cas contre 78 pour l'année précédente. Idem pour le vol des voitures (2 624 cas). Sur ce dernier point, le ministre a indiqué que «les services de sécurité peinent souvent à récupérer l'objet volé sachant qu'il est vendu en pièces détachées par les réseaux spécialisés dans ce domaine». L'autre chiffre révélateur concerne l'implication des mineurs. Ils sont plus de 11.302 à avoir été interpellés par les services de sécurité pour avoir participé d'une manière directe ou indirecte dans des délits. Afin de faire face à la recrudescence de la criminalité, M.Ould Kablia a cité une batterie de mesures que le gouvernement s'apprête à appliquer. La plus importante a trait à l'augmentation de 50% de l'effectif des agents de police d'ici 2009 afin d'atteindre les 200.000 agents. Le corps qui emploie actuellement 108.000 agents, est différemment déployé, avec 1 policier pour 226 personnes, contre 1 policier pour 675 personnes dans la wilaya d'Adrar qui enregistre la plus faible couverture sécuritaire. Dans le but de juguler ce phénomène, le ministre a indiqué que le gouvernement a adopté une stratégie visant à adapter les mécanismes législatifs et opérationnels à la lutte contre la criminalité, ajoutant dans le même contexte que «cinq lois importantes ont été promulguées en parallèle avec le redéploiement des structures opérationnelles et le renforcement du nombre des agents de police dans les quartiers». Des mesures importantes «ont été également prises dans ce cadre dont la décentralisation de la police judiciaire, la mise en place de brigades criminelles, la modernisation de la police scientifique, la création de trois services régionaux de lutte contre le trafic de drogue». En outre, il a affirmé l'élaboration d'un «vaste programme» pour la formation et le recyclage du personnel de la sûreté, précisant que «35 000 cadres ont été formés durant les cinq dernières années». Ould Kablia a défendu que la lutte contre la criminalité n'est pas du seul ressort du ministère de l'Intérieur, même s'il détient une grande responsabilité, «mais relève également des autres services de sécurité, tels la gendarmerie nationale, le secteur de la justice, les partis politiques et les composantes de la société civile», qui se doivent, dira-t-il, d'accomplir leur mission en matière de sensibilisation et de vulgarisation quant aux dangers de ce phénomène. Evoquant le phénomène de criminalité, M.Ould Kablia dira que l'Algérie ne saurait être à l'abri de ce qui se passe dans le monde, tels le crime transfrontalier et les réseaux du crime international qui sont autant de facteurs supplémentaires qui influent négativement sur le traitement de ce dossier.