La réunion des ministres des Finances des pays du G7 tenue samedi à Tokyo semble avoir confirmé la récession attendue de l'économie américaine même s'ils se sont abstenus de mettre par écrit dans leur déclaration le terme. Les ministres des Finances et les patrons des banques centrales des sept pays les plus développés (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Grande-Bretagne, France, Italie et Canada) se sont réunis samedi à Tokyo, au Japon. A propos des perspectives de l'économie américaine, la réunion a estimé que « les risques négatifs persistent » avec « une détérioration accrue du marché immobilier résidentiel aux Etats-Unis » tandis que « la croissance de la production et de l'emploi a considérablement ralenti ». Concernant les risques pour l'économie mondiale, les ministres des Finances ont considéré que « le monde est confronté à un environnement plus difficile et incertain » par rapport à la dernière rencontre tenue en octobre 2007. Il faut rappeler que dès l'été 2007, les banques centrales ont injecté des sommes importantes dans le circuit bancaire pour faire face à la crise qui est apparue aux Etats-Unis et conforter les banques. Si depuis l'été 2007, les déclarations des dirigeants des pays développés ainsi que les banquiers ont développé un discours optimiste, dans la déclaration adoptée samedi à Tokyo, les ministres des Finances du G7 ont reconnu que « dans toutes nos économies, à des degrés divers, la croissance devrait ralentir quelque peu à court terme ». Toutefois, les ministres des Finances estiment que « les économies de marché émergentes devraient continuer à croître de façon robuste, quoique plus lente ». La déclaration appelle aussi les banques à plus de transparence, ce qui est une première puisque le système financier est théoriquement considéré comme transparent. Plus explicite, la déclaration parle de « reconnaissance et dévoilement rapide des pertes des institutions financières, basés sur une estimation appropriée et accompagnés si nécessaire de mesures pour renforcer leur base capitalistique ». La critique des agences de notation et du contenu de leur travail est une autre position qui dénote de la gravité de la crise qui sévit actuellement. Puisqu'en plus du manque de transparence pour les banques, les ministres critiquent les méthodes de notation des agences dont la méthode reste suspecte. Le constat devrait faire réfléchir sur le système actuel et la gestion des banques considérées au-dessus de tout soupçon. L'affaire de Société Générale est un cas d'école en matière de manipulation financière. Si indirectement les ministres des Finances des pays du G7 reconnaissent la gravité de la crise de gestion du système bancaire et du recul de la croissance qui s'annonce, ils ne prévoient aucune mesure pour améliorer la situation. Surtout que la crédibilité des banques et des institutions financières va être confrontée à une crise de confiance à l'avenir. L'année 2008 vient de commencer et les effets de la crise des crédits hypothécaires ne sont pas encore connus. C'est ce qui développe encore davantage les incertitudes surtout que sur le plan de la communication les institutions financières ont développé depuis l'été 2007 des discours optimistes qui se sont avérés faux. Si la réunion n'a pas fait référence au recul du dollar, encouragé encore pas deux baisses successives du taux directeur de la Réserve fédérale en dix jours, ni à l'euro, elle a néanmoins appelé la Chine à réévaluer sa monnaie et les pays producteurs de pétrole à augmenter leur production. Une manière comme une autre de tirer la couverture à soi en sachant que les pays producteurs de pétrole ne peuvent pas augmenter leur production dans une conjoncture de crise qui se traduit par une baisse mondiale de la demande. En sachant aussi qu'il sera difficile à la Chine d'envisager une réévaluation de sa monnaie avec la crise qui s'annonce si elle veut sauvegarder ses parts de marché. Des appels qui n'ont aucune chance d'être entendus dans la mesure où les ministres n'ont annoncé aucune mesure concrète pour faire face à la crise même si le gouvernement américain les avait exhortés la semaine passée à stimuler la demande à travers des plans de relance. En fait, la réunion a surtout montré l'impuissance des gouvernements devant un processus qui leur échappe et où le virtuel a pris la place du réel dans les manipulations financières avec comme toile de fond une opacité servie par le secret bancaire.