Les grands argentiers du G7 ont adopté vendredi, un plan d'action pour tenter de contrer à la crise financière, au terme d'une nouvelle journée noire qui a vu les places boursières s'enfoncer encore plus dans un krach historique. Réunis à Washington, les ministres des Finances et banquiers centraux du groupe des sept grands pays industrialisés (Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) se sont engagés à empêcher toute faillite de Banque internationale. C'est un message " extrêmement fort ", notamment de la part des Etats-Unis, a déclaré à l'issue de la réunion, la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, estimant qu'il n'y avait pas de raison de supposer a priori que l'administration Bush, qui a laissé tomber la banque d'affaires Lehman Brothers le 15 septembre, s'engagerait sur ce point." Il n'a jamais été plus important de trouver des solutions collectives pour assurer la stabilité et l'efficacité des marchés financiers et rétablir la santé de l'économie mondiale ", a estimé le secrétaire au Trésor américain, Henry Paulson. Le plan en cinq points rendu public par le G7 prévoit que les pays membres débloquent le crédit et les marchés monétaires. Il stipule que les Etats permettent aux banques de lever des capitaux auprès des secteurs publics et privés. Le texte plaide en faveur de garanties " robustes et cohérentes " des pouvoirs publics aux dépôts des épargnants. Les Sept se sont dits prêts à faire le nécessaire pour débloquer le marché du crédit immobilier, à l'origine de la crise financière. Avant la réunion, les opérateurs ont observé, impuissants, la peur et l'irrationnel s'emparer des marchés. La Bourse de New York, après avoir déjà plongé de 7,33 % jeudi, a fini en repli de 1,22 % seulement, un petit miracle pour l'indice Dow Jones qui avait reculé de près de 8 % à l'ouverture. La séance a été marquée par une volatilité inouïe sur la première bourse mondiale, qui s'est un peu rassurée à l'approche de la réunion du G7. Les Bourses européennes ont clôturé en très forte baisse ; Londres chutant de 8,85 % et Francfort de 7,01 %, Paris a perdu 7,73 %, achevant la pire semaine de son histoire (-22,16 % depuis lundi). Les autres marchés européens de Madrid à Amsterdam et de Lisbonne à Athènes ont subi des pertes semblables, tandis qu'à Moscou, les autorités ont préféré carrément ne pas ouvrir les deux marchés, le RTS et le Micex. Les grandes bourses affichent des reculs dignes de la définition informelle du krach, une baisse des cours de plus de 20 % en quelques jours, qui justifient les comparaisons avec les crises de 1929 et 1987. " C'est la panique, tout devient absurde, les gens vendent même les vaches sacrées " (valeurs refuges), a témoigné le directeur des ventes de la salle des marchés " Global Equities " à Paris, Xavier de Villepin. Cauchemar général en Asie également. En clôture, Tokyo a subi une nouvelle chute historique de 9,02 %, Hong Kong a perdu 7,2 %, Sydney et Manille 8,3 %, Singapour 7,34 % et Bangkok 9,61 %. Après le G7, Washington devait accueillir samedi une réunion du G20, rassemblant les ministres et banquiers centraux des principaux pays riches et émergents. Surtout que la crise du crédit affecte déjà les secteurs du bâtiment et de l'automobile, qui commencent à réduire des emplois, en Amérique du Nord comme en Europe. Selon des analystes parisiens, la paralysie du marché interbancaire pourrait aussi provoquer des faillites d'entreprises en chaîne. Autre indicateur de craintes de récession, les cours de l'or noir chutent. Moins de croissance signifie moins de demande pour le brut. Le pétrole est passé sous les 80 dollars à Londres et à New York, loin de ses records historiques du 11 juillet à plus de 147 dollars.