L'Australie présente ses excuses aux Aborigènes Le Premier ministre australien, Kevin Rudd, a prononcé hier un discours historique devant le Parlement dans lequel il a présenté les excuses du pays aux Aborigènes, premiers habitants de l'Australie, pour les injustices qu'ils ont subies pendant deux siècles. « Nous présentons nos excuses pour les lois et les politiques des parlements et gouvernements successifs qui ont infligé une peine, une douleur et une perte profondes à nos compatriotes australiens », a déclaré M. Rudd dont le discours a été transmis en direct par les grandes chaînes de télévision, que des foules ont suivi devant les écrans géants qui avaient été installés dans les grandes villes. « Pour la douleur et les souffrances subies par ces générations volées, leurs descendants et leurs familles, nous disons pardon », a déclaré le Premier ministre alors qu'un millier d'Aborigènes venus de toute l'Australie se sont réunis près du Parlement pour assister sur place à ce geste de réconciliation. D'autres se sont massés dans les galeries réservées au public dans le Parlement. Le Premier ministre a demandé pardon « aux mères et pères, aux frères et sœurs, pour avoir séparé des familles et des communautés (...) et pour l'atteinte à la dignité et l'humiliation infligées à un peuple fier de lui-même et de sa culture... » La présentation d'excuses de M. Rudd a soulevé des applaudissements émus dans la foule qui se trouvait devant le Parlement. « Les injustices du passé ne doivent jamais, jamais se reproduire », a encore déclaré M. Rudd, relevant que sa demande d'excuses faisait partie du processus de « guérison de la nation ». La communauté aborigène compte 455 000 personnes, soit 2% de la population australienne totale. Marginalisés et défavorisés, les Aborigènes ont actuellement une espérance de vie inférieure de 17 ans à celle d'un Australien non aborigène. Elu fin novembre 2007, le Premier ministre travailliste Kevin Rudd s'était, rappelle-t-on, engagé à présenter des excuses nationales, en particulier à la « génération volée », désignant ces milliers d'enfants autochtones retirés de force à leurs familles – de 1910 jusqu'aux années 1970 – pour être placés dans des institutions ou des foyers à des fins d'assimilation à la société blanche. En avril 1997, un rapport gouvernemental détaillait comment ces enfants avaient été arrachés à leurs parents sur ordre du gouvernement. Le rapport de la Commission nationale d'enquête, fondé sur plus de 700 témoignages, révélait aussi les traitements et les sévices moraux et physiques subis par les Aborigènes et accusait les autorités d'avoir pratiqué une politique de « génocide ».