Tapis dans un entrepôt entouré de barbelés dans le centre de l'Australie, des artistes aborigènes s'affairent, accroupis sur des grandes toiles. Debout, un Blanc surveille leur travail. Bienvenue dans l'un des nombreux ateliers de cette région désertique, au cœur de l'Australie, où des hommes d'affaires peu scrupuleux paient une misère des peintures aborigènes, qu'ils revendent ensuite à prix d'or aux touristes et collectionneurs des grandes villes. «Ils les enferment dans des baraques et les font peindre en échange de quelques verres d'alcool. C'est un vrai scandale d'Etat», s'insurge un responsable aborigène. L'art aborigène connaît actuellement une cote exponentielle. Une toile a ainsi pour la première fois atteint le million de dollars lors d'une vente aux enchères le mois dernier à Sydney. La multiplication des cas d'exploitation, qui salissent une industrie artistique aborigène de quelque 500 millions de dollars par an, a poussé le Parlement à lancer une commission d'enquête. Son rapport, qui doit être publié la semaine prochaine, devrait recommander aux galeries d'adopter une réglementation stricte, précisant les origines des œuvres afin d'empêcher la circulation de faux ou d'objets acquis en dehors de toute éthique.