Vivre dans l'espaceAlors que seuls les Etats-Unis et la Russie disposaient d'un laboratoire à bord de la Station spatiale internationale (ISS), l'Europe a désormais le sien, baptisé Columbus, arrimé avec succès lundi dernier à la station. Une date stratégique pour le programme de développement européen dans l'espace, puisque Columbus permettra de réaliser des centaines d'expériences dans les biotechnologies, la médecine, les matériaux et les fluides, augmentant considérablement les capacités de recherche de l'ISS. Prochaine étape : le 8 mars. Le Jules Verne, premier véhicule de transfert automatique (ATV) — module de réapprovisionnement et de remorquage, — va être lancé à destination de la station grâce à Ariane, qui doit décoller du port spatial à Kourou (Guyane française). Son rôle : livrer des expériences, des équipements et des pièces de rechange et qui apportent nourriture, air et eau — jusqu'à 9 tonnes de fret, à son équipage permanent. « Construit par EADS-Astrium, ce véhicule, capable de transporter une cargaison trois fois plus importante que les vaisseaux russes Progress, est le plus puissant des vaisseaux spatiaux automatiques jamais construits », précise-t-on à l'Agence spatiale européenne, et sera de loin le plus gros engin spatial jamais lancé par une fusée, avec une masse d'environ 20 tonnes, dont 7,5 tonnes de charge utile. Equipé de ses propres systèmes de propulsion et de navigation, l'ATV est un véhicule spatial multifonction qui allie les capacités d'un véhicule sans équipage, entièrement automatique aux exigences de sécurité d'un véhicule habité. La mission qu'il accomplira dans l'espace ressemblera à celle qui incombe au sol à un poids lourd chargé de livrer des produits et équipements à un laboratoire de recherche. Début avril, grâce à ce système de nouvelle génération, Jules Verne s'amarrera automatiquement au module de service russe de la station après avoir mené à bien un certain nombre d'opérations et de manœuvres spécifiques (journées de démonstration) destinées à établir que le véhicule fonctionne comme prévu en conditions nominales, comme en cas d'urgence. Il restera amarré jusqu'à six mois d'affilée avant d'entamer une descente contrôlée dans l'atmosphère terrestre, où il se consumera au-dessus de l'océan Pacifique et avec lui 6,3 tonnes de déchets et d'équipements devenus inutiles à bord de la Station.