La province serbe du Kosovo, à majorité albanophone, devrait proclamer unilatéralement son indépendance dans les jours, voire les heures à venir. Cette proclamation d'indépendance pourrait en fait avoir lieu demain, bien que le Premier ministre kosovar se refuse encore à fixer la date de l'événement qui semble inéluctable. L'échéance du 10 décembre 2007, qui devait permettre aux autorités serbes et kosovares de trouver un accord sur le statut de la province, a été épuisée sans aucune avancée notable. La conséquence en est que les dirigeants du Kosovo se donnent la latitude de déclarer l'indépendance du Kosovo, les négociations avec Belgrade ayant échoué. Le territoire, administré par l'ONU dans le cadre de la résolution 1244 du 10 juin 1999, échapperait ainsi définitivement à l'emprise serbe et marquerait la fin d'une cohabitation qui fut souvent turbulente au fil des âges entre les deux communautés. Les Kosovars refusent, depuis le début des négociations avec Belgrade, le statut de large autonomie qui leur est proposé. C'est la tendance séparatiste, ponctuée par de violents conflits avec la Serbie qui avait conduit à l'intervention de l'ONU et au vote d'une résolution 1244 qui privilégiait un statu quo ouvert sur un possible arrangement entre Serbes et Kosovars. L'entente espérée ne s'est pas traduite sur le terrain et l'indépendance du Kosovo semble devoir conclure une crise anciennement ancrée dans le temps. Les responsables politiques du Kosovo ont choisi une voie qui avait très largement les faveurs de l'Union européenne et des Etats-Unis qui ont toujours soutenu l'indépendance de la province. Cela contre la Serbie qui n'a cessé d'affirmer son attachement à son unité territoriale et de refuser la scission du Kosovo. Face à l'Europe et aux Etats-Unis, la Serbie dispose tout de même d'un allié de poids acquis à sa thèse, et il s'agit de la Russie qui juge la proclamation d'illégale. Belgrade et Moscou arguent d'ailleurs d'une même voix que la proclamation unilatérale d'indépendance contrevient à la résolution 1244 et ses dispositions sur l'unité territoriale. Implicitement, la crainte est de voir l'exemple kosovar faire tache d'huile dans une région de l'Europe où la Russie conserve son influence, mais où dans le même temps les tentations séparatistes pourraient être instrumentalisées. Moscou pourrait porter la question de l'indépendance du Kosovo sur la table du Conseil de sécurité de l'ONU sans préjuger des mesures que la Serbie pourrait vouloir prendre sous prétexte notamment de protéger ses ressortissants établis dans le Kosovo où ils constituent une minorité. Dans tous les cas de figure, Belgrade ne se résoudra pas facilement au fait accompli pour des raisons qui tiennent d'abord à des considérations de politique intérieure, car il faudra aux dirigeants serbes expliquer à leur peuple comment ils ont laissé le Kosovo seul maître de son sort. Mais devant un tel point de non-retour, la marge de manœuvre paraît bien étroite pour Belgrade. C'est pratiquement une voie fermée et sans autre espoir que celui de ne pas voir la situation dégénérer sur une tension dans les Balkans.