Le regretté Karim Zenasni est décédé, hier à 5 h, à l'hôpital Mustapha d'Alger. Il a été enterré le même jour au cimetière El Alia. Ses proches et ses amis avaient du mal à croire à cette disparition tragique de Karim. Asthmatique, ce dernier ne se doutait certainement pas qu'en se rendant à l'hôpital, ce vendredi soir, suite à un malaise, que la faucheuse était au rendez-vous. Cheveux gominés, blouson noir et le regard caché derrière des lunettes de soleil, Karim incarnait le talent personnifié. Derrière cette stature de « dur », laissait apparaître, en fait, un personnage d'une extrême timidité, gentillesse et de modestie même. C'était un inconditionnel de la lecture. Il se plaisait à compulser des ouvrages sur le cinéma et le théâtre. Pour ceux qui s'en souviennent, Karim a crevé l'écran de la télévision algérienne avec ses remarquables rôles. En effet, son imposant personnage et son talent lui ont permis d'incarner plusieurs rôles dans des sit-com, des téléfilms et des longs métrages, dont entre autres Pas de gazouz pour Azzouz, Le papillon ne volera plus, Ness M'lah City , Maoued mâa El-Qadar, Un million de centimes ou encore Gourbi Palace. Licencié en droit, Karim Zenasni a embrassé une carrière artistique suite à un heureux concours de circonstances, c'est du moins ce que nous confie son ami, Hichem Mesbah. Le réalisateur Khaled Oulbsir cherchait, en 1994, pour son film Feu et Cendre un personnage de la trempe de Karim. Attablé au café, attenant à la Télévision algérienne, le réalisateur a su, dès lors qu'il a aperçu le défunt, que c'était le personnage tout indiqué pour incarner le rôle en question. Karim Zenasni a accepté de jouer dans ce film, alors qu'il n'avait aucune expérience dans le domaine cinématographique. Chemin faisant, Karim Zenasni a réussi à s'imposer en décrochant les meilleurs castings. Il a prouvé à plus d'un qu'il était un artiste polyvalent, maîtrisant son métier avec passion et professionnalisme. Après avoir découvert les coulisses du cinéma, Karim avait décidé de monter sur les planches. Il a, ainsi, joué, l'année dernière dans la pièce théâtrale Madina El Hob de Tadjer. Il avait compris qu'il devait passer à une autre dimension pour affermir sa personnalité et son talent. Hichem Mesbah confie, d'une voix émue, qu'il a du mal à parler de son ami au passé, alors qu'ils cumulent plus de vingt ans d'amitié. « C'était, dit-il, quelqu'un de très agréable à vivre. Sur les plateaux de tournage, il semait la joie de vivre. Il s'intéressait à son métier en posant constamment des questions et en se documentant énormément. A chaque fois qu'on nous sollicitait, nous autres diplômés de l'INDC, pour le tournage d'un film, nous nous enquérions si Karim était avec nous sur le plateau. Que de beaux moments partagés ensemble. » Le réalisateur Bachir Derrais a tenu à manifester sa tristesse à travers un appel téléphonique de Paris : « C'était quelqu'un de sage et de discipliné. Je l'ai dirigé sur Un million de centimes et Gourbi Palace. Je garde un très bon souvenir de lui. C'était un très bon acteur. Toutes mes condoléances à sa famille. » L'homme de cinéma et de théâtre, Karim Zenasni, a tiré sa révérence en laissant derrière lui une famille éplorée, des amis inconsolables... et des souvenirs à jamais révolus. Que l'artiste repose en paix.