Les autorités locales de Ksar Chellala, dont le chef de daïra et le maire de la commune de Zemalet El Emir Abdelkader, 160 km à l'est du chef-lieu de wilaya de Tiaret, ont vécu mercredi dernier une journée très particulière en se déplaçant, à la tête d'une commission mixte (daïra, Apc, représentants des forêts, de la DSA, du HCDS et des Domaines) mais aussi et surtout avec l'appui d'un important détachement de la gendarmerie, pour faire régner l'ordre dans la mise en défens située à Ghamadha, sérieusement malmenée par un éleveur, Yacine Bencherif, âgé de 25 ans, se réclamant parent de l'ex-colonel à la retraite de la gendarmerie. Ce dernier, accompagné d'une vingtaine de personnes, des bergers stationnés sur les lieux avec armes (gourdins) et bagages sous des tentes érigées pour la circonstance comme pour défier la loi et faire paître illégalement quelque 3000 têtes d'ovins sur les 3000 ha de la mise en défens dont un arrêté interdit l'utilisation n'a dû obtempérer qu'aux termes de sommations alors qu'une riposte des bergers allait s'opérer. Le nommé Bencherif Yacine, à l'approche des gendarmes et des membres de la commission, venait de donner ordre à ses hommes de riposter, mais la maîtrise de la situation par le chef de brigade, nullement impressionné par les appels répétés du contrevenant collé à son téléphone portable, alla amener les gendarmes à intervenir pour faire respecter l'ordre. La situation, pour ainsi dire, dure depuis trois mois et les incessantes mises en garde n'ont pas valu à des éleveurs de la trempe de Bencherif Yacine du respect vis-à-vis des fonctionnaires de l'Etat mais aussi et surtout à l'égard des lois et textes de la République. Mercredi dernier, le pire a été donc évité car au moment où les bergers allaient s'opposer aux agents des forêts, les gendarmes s'interposèrent avec vigueur. Le contrevenant s'est acquitté, selon le chef de daïra de Ksar Chellala, de 86 000 DA d'amende, représentant le préjudice causé, non encore évalué et une action en justice a été intentée contre cet éleveur car ayant contrevenu au code pastoral et il sera poursuivi en vertu des articles 14, 15 et 16 du code de procédure civile. Au-delà de l'acte condamnable subsiste un fait aujourd'hui établi dans les vastes étendues steppiques. Beaucoup d'atteintes ont été commises à l'endroit de la steppe et prestement aux mises en défens mais peu de ripostes en dépit d'une batterie de mesures édictées par les pouvoirs publics locaux. Cette situation de guerre latente dure depuis le 3 novembre 2007 et sa gestion par les autorités locales reste qualifiée par certains de gestion laxiste et de concessions au profit de personnes imbues de leur aura supposée mais a fait dire au chef de daïra que « l'approche vise à éviter un bain de sang » d'où « la sagesse et les remises en ordre en attendant la saisine de la justice ». Devenue une véritable chasse gardée où on enregistre en plus du pacage et des labours illicites jusqu'à la chasse à l'outarde, au lièvre et même à la caille, il devient à l'évidence vain de parler de développement de la steppe, du moins tenter une explication rationnelle à même de situer la donne socioéconomique, voire écologique. Cela relève d'une gageure à l'aune de polémiques qui enflent entre différentes fratries de ces contrées reculées, à la fois sources de richesses pour les sans loi mais d'inquiétude sur la biodiversité et sur la raison d'être de ces populations nomades. Il y a au demeurant des signes avant-coureurs qui ne trompent pas. L'avancée du désert est inexorable sans être une fatalité. Des efforts financiers considérables au-delà des scandales tus ou révélés sont pourtant injectés par l'Etat via les services agricoles, ceux des forêts et surtout le HCDS. Efforts financiers considérables injectés pour infléchir le cours et permettre la régénération des espèces apparemment voués à l'échec tant restent gros les enjeux et l'emprise telle une pieuvre tentaculaire d'une maffia sans foi ni loi.