« Lorsque les prix de l'aliment atteignent des courbes ascendantes et n'obéissent à aucun canevas normatif, nous pouvons dire sans risque de nous tromper que nous allons droit contre un mur. » Cette sentence péremptoire émane d'un aviculteur qui vient tout récemment de mettre la clé sous le paillasson. La coopérative qu'il dirigeait, en association avec trois autres aviculteurs, a croulé sous le poids des créances dues aux augmentations successives des prix de l'aliment des gallinacés. Les prix sont passés de 2 088 DA le quintal en 2007 à 3 500 dinars actuellement. Cette augmentation de l'ordre de 30% n'est pas faite pour encourager les aviculteurs. Des dizaines d'entre eux ont fermé leur exploitation pour des raisons de surcoût. « En l'espace de deux ans, les prix ont atteint des pics qui ne nous permettent plus de réaliser des bénéfices sur le poulet d'élevage », affirme pour sa part cet aviculteur implanté dans la région de Gdyel. Pour lui, comme pour l'ensemble de ses collègues, les hausses des prix de l'aliment iront crescendo. Dans les localités de Misserghin, de Boutlélis, de Ayayda, de Chehaïria, de Gdyel et de Mers El Hadjadj, plusieurs aviculteurs ont abandonné leur activité. Pour un meilleur rendement Selon l'un d'eux, le kilo de poulet au détail pourrait atteindre allègrement les 380 dinars, soit une perte sèche estimée à 40 dinars sur un kilo de viande blanche au sortir de la coopérative. Les aviculteurs se plaignent aussi du paiement de la TVA (17%) qui vient se grever sur les dépenses de l'aliment. Selon nos interlocuteurs, les pertes occasionnées à la filière avicole, qui s'élèvent à des milliards de centimes, risquent de mettre au chômage 7 000 travailleurs. La wilaya d'Oran qui enregistre un faible taux de production de viande blanche, coure le risque de voir disparaître ses unités d'exploitation. « La majorité des aviculteurs de la wilaya font tourner leurs unités à 30 ou 40% », affirment encore nos interlocuteurs. Pour un meilleur rendement et une disponibilité de viande blanche, les aviculteurs exigent la suppression de la TVA. Ils insistent également sur la nécessité de venir en aide aux aviculteurs qui paient à présent les conséquences de la crise de la filière avicole. « Nous souhaiterions une contribution active de la part de l'Etat. Les subventions seront les bienvenues pour sauver le secteur et préserver des milliers d'emplois », ajoutent nos interlocuteurs.