La polémique déclenchée au Ramadhan, aussitôt après l'incendie qui a affecté la nouvelle décharge du 13e Km, située à proximité du cimetière des martyrs de la Révolution sur la RN 5 reliant la ville de Constantine à Aïn Smara, couve toujours, et ce, malgré toutes les mesures prises par les services communaux compétents pour qu'un tel incident ne se reproduise plus. Un « brûlot » attisé par la sévère mise en demeure signifiée à ces derniers par la direction de l'environnement de Constantine et surtout par la montée au créneau d'écolos et de citoyens qui ont adressé, entre autres, une pétition de 120 signatures au ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement et engagé des actions de protestation qui ont fait grimper de plusieurs crans une tension légitimée par le dégagement de fumées nocives. Celles-ci auraient fortement incommodé et déclenché de sérieuses allergies aux riverains ainsi qu'aux habitants de la cité Boussouf, distante d'une dizaine de kilomètres de cette décharge. Réactivée en 2003 suite aux problèmes divers rencontrés au niveau de l'ancienne décharge de Bougharab, commune de Benbadis, l'exploitation de ce site a été, rappelons-le, assujettie au respect strict d'un cahier des charges approuvé par toutes les parties prenantes, au regard des garanties qu'il présentait concernant le respect de l'environnement et de la santé du citoyen. C'est justement là que le bât blesse. En effet, selon les services de l'environnement, c'est le non-respect des articles 16 et 17 de ce cahier des charges qui serait à l'origine de l'incendie. Autrement dit, les services communaux n'auraient pas respecté l'« obligation de recouvrir les déchets d'une couche de terre d'une épaisseur suffisante pour supprimer toute nuisance et prévenir le déclenchement d'incendies ». Sur ce point précis, Mourad Labani, directeur de l'assainissement à l'APC de Constantine, admettra en partie le bien-fondé de ces récriminations « sachant, dira-t-il, que le contrôle strict des 300 à 500 t de déchets déposées quotidiennement au niveau de cette décharge peut être sujet à des défaillances. Mais, sans vouloir totalement dédouaner mes services, il faut savoir que le contrôle le plus draconien n'écartera pas, pour autant, tout risque d'incendie du fait des émanations d'un gaz méthane très inflammable et toxique. Seul, en l'état actuel des choses, l'aménagement d'un système de dégazage peut être efficace à 100%. » Une version que les membres de la commission dépêchée sur place par le ministère de l'Environnement semble avoir corroborée, du moins si l'on se réfère à leurs conclusions notamment le fait, notera l'un d'eux, que l' « exemple de la gestion de la décharge du 13e Km, malgré les lacunes existantes, peut permettre à l'entreprise communale de gérer le futur centre d'enfouissement technique d'une manière convenable et qu'elle apparaît comme un leader par rapport à d'autres wilayas ». « Une évaluation confirmée par un expert de la GTZ, un bureau d'étude allemand spécialisé dans l'environnement qui aurait confirmé, suite à une visite effectuée sur le site de la décharge, que les incendies sont inévitables dans un tel contexte en l'absence d'un système de dégazage du méthane. » Cela étant, on revient à la case départ du simple fait que le remake du scénario catastrophe du Ramadhan est loin d'être écarté et ce, tant que le système de dégazage en question n'est pas installé. Sauf, souligne le directeur de l'assainissement, si les moyens dont disposent ses services sont quadruplés afin d'assurer pour le moins un compactage rigoureux des déchets, un enfouissement protégé par plusieurs couches épaisses de terre, des moyens matériels et humains en rapport avec l'ambition affichée de contrôler toutes les nuisances générées par une décharge de ce type. Par ailleurs, d'après le directeur de l'assainissement de l'APC de Constantine, l'émanation du gaz méthane ne serait pas, notamment par temps froid, le seul responsable des incendies, « leur déclenchement peut être également imputé aux récupérateurs des matières plastiques, métaux, etc. qui font des feux pour se réchauffer ou faciliter leurs fouilles ». En attendant, les riverains et les écolos de tous bords n'hésitent plus entre fatalisme et révolte. Pour se faire entendre, ils ont choisi de continuer leurs actions et manifester ainsi leur ras-le-bol vis-à-vis de ce problème. Dans la foulée, ils dénoncent aussi la politique du deux poids, deux mesures de la tutelle qui n'a pas jugé utile d'inclure la ville de Constantine au rang des dix zones pilotes ayant déjà bénéficié d'un centre d'enfouissement technique, et ce, dans le cadre de la mise en œuvre en 2003 du Programme national de gestion intégrée des déchets municipaux (Progmed)