Lors de la rencontre wali-membres de l'exécutif-élus et cadres de l'APC, le président de l'APC a annoncé 22 000 demandeurs de logements sociaux. Ce chiffre a été mis en doute par le wali tout autant que le recasement de plus de 1200 familles sinistrées. La suspicion du chef de l'exécutif vis-à-vis de la gestion de ce dossier trouve sa raison dans le nombre toujours croissant des cas qualifiés de prioritaires. C'est l'exemple des occupants des habitations précaires Sid Harb, Gassiot, Sidi Brahim, Bouhdid... dont le nombre loin de diminuer, avec les différentes opérations d'attributions, augmente. C'est dire toute l'importance que revêt la proposition faite par le wali d'envisager la réalisation de 10 000 logements. « Le ministre de l'Habitat est disposé à apporter sa contribution à ce projet pour peu que nous puissions disposer des assiettes de terrain. Or, notre wilaya est vraiment déficitaire sur ce plan. Il est donc nécessaire de chercher une solution à ce problème de disponibilité du foncier », a précisé le wali. Aussitôt ébruité, ce projet ne manquera pas de créer un véritable rush de demandeurs, y compris dans le milieu des opportunistes. Des cas de familles maintes fois recasées qui reviennent à leur ancien bidonville, après avoir cédé leur logement contre monnaie sonnante et trébuchante, sont légion. Une cinquantaine d'entre elles a déjà élu domicile à Sidi Harb IV sur le flanc de la montagne avec la complicité de certains membres de l'association du quartier. Les cartes de recensement délivrées par les comités de quartier, synonymes de « clef du logement social » s'échangent en contrepartie financière. Chacun y trouve son compte, y compris ceux qui prétendent à un coin au centre de transit. 22 000 demandeurs à Annaba et le chiffre n'est pas près de prendre une courbe descendante. D'autant que, en matière de conditions et de modalités d'accès au logement social, les modifications apportées au décret exécutif 98-42 du 1er février 1998 changent radicalement la donne. Ces modifications, contenues dans le décret exécutif 4-234 du 24 octobre 2004, éliminent les commissions communales au profit de brigades dont la composante est mandatée par le chef de daïra. Pour bon nombre de demandeurs, cette procédure devrait entraîner le retour des anomalies. Ces dernières, commises en toute connaissance de cause, étaient à l'origine de l'enrichissement de certains fonctionnaires. Bon nombre d'observateurs ont relevé la contradiction entre le contenu de ce décret qui supprime la représentativité des associations civiles et le récent appel du wali. Le chef de l'exécutif avait appelé, en effet, cette même société civile afin de s'impliquer dans la prise en charge de la gestion de la ville et autres aspects de la vie en société. La même contradiction confirme les appréhensions de Me Cherif Boukhroufa, président de l'Association des professions libérales (APL). Lors de la présentation du programme d'action de son association, Me Boukhroufa avait affirmé : « A tous les niveaux, il n'existe aucun projet de culture de proximité permanente et d'écoute. La société civile doit se prendre en charge. Elle doit surtout constituer ses propres clefs de compréhension sociale. Aujourd'hui, la société algérienne a des coutumes composites ; chacune d'elles a ses règles culturelles qu'il faut respecter en extirpant le régionalisme et l'exclusion. » Cette constatation donne plus de poids à l'instruction du wali quant à l'ouverture des portes des administrations publiques aux citoyens. Bon nombre de membres de ces associations civiles, notamment ceux en charge des bidonvilles, ont réagi à la démarche du wali en déclarant : « Avant de lancer un tel appel, le wali aurait dû lire le décret 4-334. Déjà que les portes du 1er responsable de la daïra ne s'ouvrent que pour une minorité de citoyens bien ciblés, voilà qu'on lui attribue la clé du bonheur pour les pauvres gens. Les placards publicitaires parus à la veille de la récente visite du ministre de l'Habitat sont révélateurs des méthodes de gestion de ce chef de daïra. »