Sidi Saïd, patron de l'UGTA, est bel et bien parti en… double campagne. La première, purement personnelle, semble se déduire de sa volonté de rester aux commandes de la centrale syndicale, onzième congrès oblige, et la deuxième, plus explicite, est en relation avec le soutien officiellement déclaré pour un troisième mandat pour Bouteflika. En tout cas, c'est là l'impression essentielle qu'il offrait hier à Skikda lors de son intervention à l'occasion de la célébration du double anniversaire du 24 février à la salle Aïssat Idir en présence de M. Boughazi, conseiller auprès du président de la République. Ce dernier, chargé officiellement de représenter Bouteflika, se contentera de lire une lettre du Président destinée aux travailleurs algériens. Sans emphase et dans un style purement protocolaire, la lettre, et à travers ses mots et ses portées, se voulait surtout unificatrice. A aucun moment, Bouteflika ne fera allusion à la conjoncture sociale ponctuée de grèves et de batailles intersyndicales même s'il évoque la volonté de l'Etat algérien à rester à l'écoute des travailleurs, non sans revenir sur les « acquis » du monde de travail. Sidi Saïd, lui, se voulait plus virulent, comme s'il faisait face à une pression le poussant à se justifier. Comme s'il avait aussi trop de choses à dire et des comptes à régler. « Nous sommes pour un troisième mandat », commencera-t-il par entonner pour signaler au préalable son positionnement. C'était là un prélude qui lui permettra par la suite de dire tout le mal qu'il pense des grèves, des syndicats autonomes et de là, faire l'éloge non seulement de la centrale qu'il dirige, mais surtout des acquis de l'UGTA depuis les années 1990 à ce jour. Un bilan moral digne des grandes assemblées générales a été alors apporté pour consolider la vision de l'UGTA comme si le doute avait réellement fini par gagner la maison. Ainsi, et aux termes de Sidi Saïd, « l'UGTA fait partie de ceux qui construisent et non de ceux qui détruisent. Nous avons fait du dialogue notre devise et on a eu des résultats ». Il consolidera par la suite les déclarations déjà faites par le chef du gouvernement au sujet de la mise en application de la nouvelle grille des salaires en déclarant : « C'est aujourd'hui que sera signé, à titre transitoire, le décret exécutif de la nouvelle grille. Les travailleurs de la Fonction publique percevront ainsi leur nouvelle paye au mois d'avril prochain avec un rappel rétroactif à partir du mois de janvier 2008. » En citant ces « acquis », Sidi Saïd cherchait surtout à faire le parallèle avec le mouvement de débrayage enclenché ici et là par les syndicats autonomes qu'il qualifiera presque ouvertement de… souris. Ainsi, il dira : « Nous constatons que chaque jour des gens se lèvent le matin et décident d'appeler à une grève ! On n'a pas à se mesurer à ceux-là. D'ailleurs, comment osera-t-on faire une comparaison entre un éléphant et une souris ? Ces gens-là utilisent de nouvelles méthodes et prennent en otages des écoliers et des personnes malades. Seulement et malgré toutes les tentatives d'embrasement auxquelles nous assistons depuis ces trois derniers mois, il s'avère que ce n'est finalement que de la cendre. Nous sommes conscients que les fonctionnaires ont le droit de s'inquiéter, mais pas dans le trouble. »