L'une des neuf statues, volées du musée archéologique de Skikda en 1996, a finalement été retrouvée et devrait de nouveau regagner l'Algérie. Ainsi s'achève donc le long périple du buste en marbre de Marc-Aurèle, qu'une galerie française s'apprêtait à vendre aux enchères dans le prestigieux Rockefeller Plazza à New-York. Identifiée, la statue se verra retirée de la vente par Interpol et remise aux représentants diplomatiques algériens aux Etats-Unis. L'on apprend que son rapatriement ne devrait pas tarder, et qu'une réception officielle serait prévue pour la remise de la pièce archéologique aux Algériens. Voilà pour la bonne nouvelle, mais il y a autre chose encore : le département de Khalida Toumi envisagerait sérieusement de garder, du moins momentanément, le buste de Marc-Aurèle à Alger. Le motif invoqué est des plus sérieux puisqu'il est d'ordre…sécuritaire. Au ministère de la culture, on entend mettre un terme à la grande hémorragie, dont les oeuvres de valeur ont de tout temps fait l'objet à Skikda, ville qui cultive le narcissisme culturel en se plaisant à compter ses trésors sans jamais leur assurer les moyens et les hommes devant les préserver. Si jamais cette hypothèse venait à se confirmer, ce serait là une grande et salutaire leçon que donnera le ministère de la culture à Skikda. Une leçon qu'il faudrait impérativement appuyer, en consolidant cette ville dans sa volonté de disposer d'un véritable musée, car si on couve aujourd'hui le buste de Marc-Aurèle de tous les regards officiels, et au plus haut niveau, cela ne devrait pas conduire à omettre d'autres trésors tout aussi importants, à l'exemple de cette pièce archéologique rarissime, représentant Mithra, une divinité indo-iranienne, exposée au pseudo- musée communal, le lieu même d'où ont été dérobées 9 statues. Les craintes du ministère de la culture sont donc légitimes, et le laisser-aller continue de miner la collection de tableaux de l'Hôtel de ville, dont une grande partie fut subtilisée après l'Indépendance. Jugeons-en : plus de 8 tableaux de valeur sont aujourd'hui exposés comme de vulgaires quincailleries dans la cafeteria de l'Hôtel de ville, au milieu des fumées et autres rayons du soleil, sans aucune considération pour les éléments de base de préservation et de protection des toiles. « Marc-Aurèle » serait donc appelé à séjourner à Alger, en attendant que Skikda puisse enfin lui garantir la sécurité. L'étude du nouveau musée est toute prête et attend une inscription. Le ministère de la culture peut et se doit de contribuer à cette fin puisque le buste en question a largement contribué, lui, à instaurer le débat.