Implantée dans la commune de Raïs Hamidou, daïra de Bab El Oued, la cimenterie, qui produit annuellement 280 000 tonnes, n'est pas près de fermer ses portes contrairement à ce qui « est annoncé dans certains médias », tient à rapporter le responsable de la sécurité industrielle et environnement, Fateh Achouri. « Il n'y a aucune décision émanant de la tutelle quant à la fermeture de la cimenterie de Raïs Hamidou », fait-il remarquer. « En effet, si l'on se fie à sa capacité de production, la rénovation de certaines installations, et surtout les besoins de consommation auxquels elle fait face à l'échelle nationale, l'usine qui a vu le jour en 1914 ne mettra pas la clef sous le paillasson avant une quinzaine d'années », apprend-on des cadres commerciaux de la cimenterie. Mais le sujet qui turlupine les habitants de la localité, ce sont ces nuisances générées par les rejets des deux fours principaux qui lâchent leur « fumerolle » polluante sur les terrasses et les toits des maisons... Une question sur laquelle s'attarde M. Achouri. Ce dernier tient à mettre un bémol quant au ton alarmiste que lancent certaines parties qui « surévaluent les risques », selon lui. « Certes, les gens ont raison de s'inquiéter de leur santé, mais il faut savoir que le taux des émissions polluantes a sensiblement baissé entre 1992 et 2004, période durant laquelle nous avons consenti de gros efforts en la matière », souligne-t-il. Ainsi, plus de 42 milliards de centimes ont été déboursés pour doter la cimenterie en équipements en dépoussiérage, tels les électrofiltres qui réduisent les polluants atmosphériques, en l'occurrence les dioxydes de carbone (CO2) et les oxydes d'azote (NO). Quant aux émissions de particules de poussière que libèrent les cheminées de la cimenterie sur le voisinage, elles ne sont pas toxiques et sont conformes aux valeurs limites d'émission, soit 50 mg de particules au mètre cube de fumée, selon M. Achouri, qui rappelle qu'« un contrat de performance a été signé en 2003 avec le ministère de l'Environnement ». Aussi, dans le souci de préserver la santé du citoyen, il est prévu de mobiliser pour l'année en cours une enveloppe de 12 millions de dinars qui sera affectée au dispositif consacré à l'environnement, dont l'installation d'un analyseur des gaz de fumée au niveau de la ligne de cuisson 2. « Cet équipement est destiné à réduire les poussières au seuil toléré », dira le responsable du département environnement, non sans reconnaître qu'« en matière de prévention des risques, le dispositif de sécurité contre les polluants n'est pas totalement mis en place ». En d'autres termes, les gestionnaires de la cimenterie ne se sont pas moins conscients de l'impact des émissions de gaz de la cimenterie sur la santé publique et de l'enjeu sur l'environnement, sauf qu'il va falloir déployer de gros efforts et mobiliser les ressources nécessaires. Il ne s'agit pas aussi d'adhérer au principe du « pollueur-payeur » en se contentant de s'acquitter des taxes environnementales… Une chose est sûre, tiennent à rassurer les cadres : « Nous nous attelons à aller graduellement vers la réduction du taux de pollution de la cimenterie (…). Nous envisageons aussi de lancer un projet qui nous tient à cœur depuis 2002, celui de procéder au boisement d'une zone de servitude de 480 000 m2 sur le massif de Bouzaréah, destiné à lutter contre l'érosion. »