La direction palestinienne installée après la mort du président Yasser Arafat, le 11 novembre dernier, fait des efforts colossaux pour montrer à ses citoyens et au reste de la communauté internationale que la disparition de ce leader ne signifie nullement la fin de la cause palestinienne. Tout le monde se démène pour fortifier la crédibilité de l'Autorité nationale palestinienne. La succession du feu président s'est faite en douceur. Les postes du président de l'Autorité palestinienne, du comité exécutif de l'organisation de libération de la Palestine et du Fatah, qu'il dominait en solitaire, sont revenus respectivement à Raouhi Fattouh, président du conseil législatif palestinien, pour une durée maximale de 60 jours, à Mahmoud Abbas alias Abou Mazen, ancien Premier ministre et à Farouk Kaddoumi. Tout s'est fait dans l'application rigoureuse des lois fondamentales palestiniennes. La date de la presidentielle a été fixée pour le 9 janvier 2005. Ces élections suscitent beaucoup d'intérêts de la part de la communauté internationale. Plusieurs hauts responsables, dont Colin Powell, le futur ex-secrétaire d'Etat américain, ses homologues russe Serguei Lavrov et britannique Jack Straw ont visitè les territoires palestiniens pour s'entretenir avec la direction palestinienne en place. Ils ont tous apporté leur soutien à la tenue de ce scrutin dans les meilleures conditions possibles. Straw qui a déposé une gerbe sur la tombe du défunt président palestinien à la mouqataâ à Ramallah a déclaré : « Je suis ici pour apporter mon soutien plein et entier à l'élection qui aura lieu le 9 janvier. » Il a rajouté : « Je promets que le Royaume-Uni et l'Union européenne vont suivre (l'élection) de très près pour s'assurer qu'elle se déroulera dans un environnement libre et équitable. » Ces élections auraient pu être un facteur de dissension au sein du Fatah, principal mouvement palestinien au sein de l'OLP, si Marouane Barghouti annoncé comme potentiel candidat à la presidentielle n'est pas revenu sur cette décision. Kaddoura Farès, un proche de Marouane, qui s'est entretenu avec lui dans sa prison de Beersheva en Israël, vendredi, a annoncé en son nom, qu'il ne briguait pas le poste de président. « Les membres et les partisans du Fatah (doivent) appuyer et soutenir le candidat du mouvement, le frère combattant Mahmoud Abbas », a indiqué M. El Barghouthi. Cette décision est venue après l'annonce de la tenue d'élections internes au sein du Fatah en vue de renouveler les instances dirigeantes, dominées jusque-là par « l'ancienne garde », dont les membres vivaient dans l'exil, en compagnie du défunt président Arafat. Cette élection a été fixée au mois d'août 2005. Ce scrutin, qui n'a pas eu lieu depuis une quinzaine d'années, est réclamé par la « nouvelle génération », dont Marouane est l'un des symboles. Ce leader charismatique de l'Intifadha purge une peine de 5 réclusions à vie. Cette décision « montre que Marouane El Barghouthi est un véritable leader », a déclaré samedi, Ahmad Ghouneim, un haut responsable du Fatah en Cisjordanie. « Il a voulu ainsi préserver l'unité au sein du Fatah et des Palestiniens ». L'annonce samedi, par le colonel Rachid Abou Chbak, le chef du service de la sécurité préventive à Ghaza de la dissolution de l'escadron de la mort, un groupe appartenant à ce service sécuritaire dont les actions avoisinaient celles d'une véritable mafia a été très bien reçue par les citoyens palestiniens. Cette décision contribuera sûrement à améliorer la sécurité dans la bande de Ghaza, ce qui aidera aussi à améliorer la crédibilité des services sécuritaires palestiniens. Tout ce qui se passe dans les territoires après la mort du président Arafat dissipe peu à peu les craintes suscitées par cette disparition. Pourvu que cela continue. Par ailleurs, M. Mahmoud Abbas, a annoncé hier à Amman qu'il se rendrait, le 6 décembre en Syrie, en compagnie de membres de la direction palestinienne pour des entretiens avec les dirigeants syriens. « Nous serons en Syrie le 6 décembre », a déclaré M. Abbas aux journalistes après des entretiens à Amman avec le Premier ministre Fayçal al-Fayez sur la prochaine élection d'un président de l'Autorité palestinienne le 9 janvier. Avant Amman, M. Abbas, accompagné du Premier ministre Ahmad Qoreï et du président de l'Autorité palestinienne par intérim Rawhi Fattouh, s'était rendu au Caire, dans la première tournée à l'étranger des dirigeants palestiniens depuis le décès de Yasser Arafat.