L'échouage, avant-hier, du Sophia et du remorqueur Skikda sur la petite plage de Marsa Ben Abbès à Guerbès est venu rappeler, une fois encore, la longue liste de ce genre d'incidents sur les côtes locales. Il est venu surtout reformuler la question sécuritaire d'une côte ouverte aux vents et aux courants puissants. Skikda dispose-t-elle de moyens fiables et efficaces pour faire face à ce genre d'incidents qui a tendance à se répéter ces dernières années ? Les deux remorqueurs qui avaient été dépêchés le week-end dernier pour assister le Sophia disposaient-ils d'assez de puissance devant leur garantir la réussite ? Autre chose encore, les marins du Mazafran 5 et du Skikda disposaient-ils des aptitudes requises en matière de sauvetage en haute mer ? Disposaient-ils d'une formation nécessaire et obligatoire en matière de secourisme ? Skikda dispose-t-elle des moyens matériels conséquents qui la mettraient à l'abri d'une éventuelle pollution par les hydrocarbures ? Devra-t-on préciser à ce sujet que la ville dispose d'un grand terminal pétrolier et aussi de deux bouées de chargement off-shore ? Ces questions restent ouvertes et il appartient aux décideurs d'en répondre. Une chose est sûre, l'échouage dans des conditions météorologiques certes très défavorables du Sophia et du Skikda ne devrait pas cacher pour autant l'absence de moyens adéquats pour d'éventuelles interventions en haute mer. Ce qui est arrivé avant-hier est grave dans le sens où il y a eu disparition d'homme. Ce n'est pas un simple et énième accident maritime à archiver, car ce n'est pas la première fois que des navires viennent s'échouer à Skikda. Le 5 avril 2002, 25 marins libyens qui étaient à bord de Ibn El Hawkel, un cargo battant pavillon libyen, ont trouvé la mort à 11 miles seulement de Collo. Ce genre d'accidents maritimes a également causé la mort de trois jeunes de Fil-Fila qui furent carbonisés, le 4 janvier 2004, dans les soutes du Kastor, une épave échouée sur la plage Ben M'hidi. Cet incident devrait, comme l'espèrent aussi bien les marins de Skikda que toute la population, pousser les responsables à prendre les mesures nécessaires pour que cesse enfin ce carrousel macabre. Il y va aussi bien de la vie des gens et de la préservation du milieu marin.