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Parution. La crise de la culture islamique
Modernité, tolérance et obscurantisme
Publié dans El Watan le 01 - 12 - 2004

La culture est le meilleur indicateur de l'état d'une nation, d'un Etat. Elle est en hibernation dans la plupart des pays arabes et musulmans. Le constat est amer, mais juste : le monde musulman est à la traîne. Unique solution : s'adapter à la modernité ou accepter le sous-développement comme une fatalité.
Hichem Djaït est sans complaisance : le monde musulman est dans une impasse, incapable de s'adapter à la modernité. « La parole est bâillonnée dans nos pays et le niveau intellectuel y est très faible, comparé à ce que produit l'Occident. Il y a donc, depuis cinquante ans, une crise dans la culture arabe. » Et d'appeler de ses vœux la venue d'un messie, d'un intellectuel qui créera une catharsis. « Est-il possible dans le contexte du monde musulman contemporain, dans un environnement plein de tumulte, tournant dans le vide, qu'apparaisse un Ibn Arabi, un As-Sahrawardi ou un Ibn El Faridh, ou, dans un autre domaine un Ibn Khaldun ou un Avicenne », espère plus qu'il ne s'interroge le spécialiste de l'histoire islamique médiévale. Le doute semble l'emporter. L'absence de liberté, le manque de travail sur la religion pour la rendre plus perméable à la modernité, et faute de grande ambition culturelles rendent la fracture entre l'Orient et l'Occident chaque jour plus importante. La culture musulmane est-elle compatible avec la modernité, les valeurs occidentales, les droits de l'homme ? Pour Hichem Djaït, la réponse est affirmative. A condition de faire un travail sur soi.
A la recherche du temps perdu
L'auteur remonte l'effondrement de la culture islamique vers 1700. Et, comme un déterminisme historique, le monde musulman n'a pas d'autre choix que prendre le train de la modernité, « la modernité étant aujourd'hui la dernière étape de l'évolution de l'humanité depuis la préhistoire ». La religion est à la fois un frein et un moteur. Surtout une marque d'identité. Or le monde musulman n'a pas connu sa révolution culturelle. Les penseurs n'ont jamais pu s'exprimer, ou alors en Occident. Cet Occident haï et aimé à la fois. Cet Occident auquel les islamistes veulent infliger « la mort subie et infligée ». Hichem Djaït est clair : « Les Arabes et les musulmans ne pourront pénétrer dans la modernité et participer au monde moderne que s'ils se donnent une haute ambition dans les domaines de la pensée, de la connaissance, de la science, de l'art et de la littérature, s'ils décident sérieusement d'emprunter aux autres ce que la modernité a inventé dans tous ces domaines. » Le passage obligé se nomme démocratie, liberté d'expression, tolérance... Tout un programme pour le monde musulman.


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