Tout le monde le sait, il n y a pas de tirs de roquettes artisanales contre le territoire israélien à partir de la Cisjordanie occupée, mais cela n'empêche nullement l'armée d'occupation d'y entreprendre des actions armées meurtrières contre des militants palestiniens de tout bord, en vue d'affaiblir de plus en plus l'Autorité palestinienne. L'événement le plus grave vécu dans les territoires palestiniens après la dernière agression israélienne sanglante qui a fait plus de 130 morts parmi les Palestiniens à Ghaza, suivie pourtant d'une trêve tacite depuis le 8 mars, a été l'assassinat, de sang froid, par des forces spéciales de 4 militants, tous des hommes qui ont marqué de leur empreinte l'Intifadha d'El Aqsa, déclenchée le 29 septembre 2000. Le drame s'est produit mercredi dans la ville de Beit Lehem, en Cisjordanie occupée. C'était en début de soirée. Embusqués, des membres des forces spéciales de l'armée israélienne en civil, ont tiré à bout portant sur le véhicule qui transportait les quatre hommes. Les assaillants ne leur ont laissé aucune chance. Transpercés de plusieurs balles, les quatre hommes ont rendu l'âme sur place. Mhamad Chehada, 48 ans, un haut responsable des saraya El Qods, la branche armée du Djihad islamique, Ahmad El Balboul, un dirigeant des Brigades des martyrs d'El Aqsa, la branche armée du Fatah, ainsi que deux autres militants des saraya sont les victimes de cet assassinat minutieusement planifié. Le même jour, en début de matinée, l'armée israélienne a tué un autre militant du Djihad islamique à Tulkarem, une ville du nord de la Cisjordanie. Ces graves incidents ont suscité une grande colère parmi la population et les officiels palestiniens. Plus de 10 000 citoyens de Beit Lehem, en grève générale, ont participé aux obsèques des quatre militants. Daoud Chihab, un porte-parole du Djihad islamique avait menacé de « riposter n'importe où à cet assassinat et que toutes les options sont ouvertes ». Sami Abou Zouhri, porte-parole du Hamas, qui contrôle la bande de Ghaza depuis le mois de juin 2007, a estimé que l'attaque israélienne marquait « une dangereuse escalade ». « Au milieu de ces crimes, un cessez-le-feu n'a pas de sens », a-t-il dit. Le Hamas confirme que « tout cessez-le-feu doit être global, en Cisjordanie et dans la bande de Ghaza (...) Ce crime requiert une réponse de la résistance ». Il faisait allusion à une tentative égyptienne de mise au point d'une trêve entre le Hamas et Israël, qui a semblé tenir durant 5 jours au cours desquels aucune roquette n'a été tirée par le mouvement islamiste contre le territoire israélien. Même l'Autorité palestinienne, qui a repris vendredi les négociations de « paix » avec Israël, a crié sa colère, lorsque sa présidence a affirmé que la « résistance » se poursuivrait contre l'occupation israélienne, faisant assumer à Israël « toutes les conséquences de ses crimes barbares ». Jeudi à Dakar, dans un discours prononcé lors du sommet de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), le président Mahmoud Abbas, a accusé Israël de mener une politique de « nettoyage ethnique » dans la ville sainte d'El Qods, occupée depuis la guerre de 1967. Cette politique israélienne visant à faire plonger la Cisjordanie, à l'image de Ghaza avant le putsh armé du mouvement Hamas, dans un chaos sécuritaire, comme prélude à sa tombée entre les mains du même mouvement pour mieux l'étouffer par la suite, est plutôt claire. Israël n'est pas disposé pour le moment à entreprendre une véritable percée dans le sens d'une paix réelle et durable. Mahmoud Abbas, connu pour son attachement à un règlement pacifique devient alors un lourd fardeau pour les Israéliens, surtout qu'il ne paraît pas prêt, comme ils le désirent à faire des concessions sur les points essentiels, tels la ville sainte d'El Qods,les frontières, les colonies israéliennes et les réfugiés. Actuellement, aux yeux de Ehud Olmert, le Premier ministre et de Ehud Baraksom, ministre de la Guerre, il devient bien plus dangereux que feu Yasser Arafat et de toutes les organisations dites terroristes. Pour cette raison, pour le gouvernement israélien dont les accolades amicales de ses responsables avec Abbas ne leurrent personne, il est impératif que le président palestinien disparaisse d'une manière ou d'une autre de la scène politique.