Un compromis a finalement été trouvé lundi entre l'Iran et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sur le programme nucléaire iranien. L'agence onusienne a adopté une résolution prenant acte de la décision de Téhéran de suspendre l'enrichissement d'uranium. Cette résolution épargne pour l'heure à l'Iran l'épreuve redoutée de devoir s'expliquer sur son programme nucléaire devant le Conseil de sécurité où l'attendent de pied ferme les Etats-Unis. Les Iraniens ont obtenu cette concession en échange de leur engagement à ouvrir avec l'Union européenne une ère nouvelle de coopération nucléaire, technologique, économique et sécuritaire. Un accord dans ce sens est attendu pour le mois prochain. La suspension de l'enrichissement d'uranium par l'Iran a été obtenue par l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne. Les Iraniens ont salué la résolution de l'AIEA comme « une grande victoire contre les Etats-Unis ». Dans la foulée de ce sursis, car c'est de cela qu'il s'agit, l'Iran continue de surenchérir et de se montrer offensif sur ce dossier, prévenant que sa décision de suspendre l'enrichissement de son uranium n'est valable que le temps que dureront les négociations avec l'Union européenne. « Leur durée doit être raisonnable, elles ne doivent pas se prolonger, nous ne devons pas sentir pendant les négociations que l'on cherche à gagner du temps », a souligné le responsable du programme nucléaire iranien. « L'Iran reprendra à terme l'enrichissement d'uranium et n'y renoncera jamais », a déclaré hier le responsable du nucléaire iranien, précisant que son pays « n'a pas renoncé au cycle de production du combustible nucléaire (qui comprend l'enrichissement), il n'y renoncera jamais et le mettra en œuvre ». L'accord conclu entre les Européens et les Iraniens s'apparente, comme on le voit donc, beaucoup plus à un test destiné à permettre aux deux parties d'apprécier mutuellement leur bonne volonté à donner un contenu concret au compromis scellé. Et à rétablir la confiance rompue entre elles depuis que l'Iran est ciblée par les Européens et les Américains, chacun selon ses centres d'intérêt, à cause de son programme nucléaire qui représente, un enjeu stratégique dans les rapports internationaux. Les Européens œuvrent à travers cet accord visant dans un premier temps à suspendre le programme d'enrichissement de l'uranium iranien à donner à terme un caractère permanent à cette mesure en transformant la décision de gel en une interdiction en règle de se livrer à ce type d'activité. Il faudra donc s'attendre à des négociations serrées entre les deux parties. Les Européens qui ont de gros intérêts économiques et commerciaux en Iran, un pays qui représente pour eux un juteux marché qu'ils n'ont jamais déserté même au plus fort de l'embargo qui frappe le pays, savent qu'ils jouent gros en pariant sur un hypothétique accord de dénucléarisation avec ce pays qui est leur objectif à terme. De son côté, l'Iran qui a le dos au mur ne pouvait pas faire la fine bouche devant cette porte de sortie que lui offrent les Européens en continuant à camper sur ses positions au risque de se voir traîner comme le souhaitent les Américains devant le Conseil de sécurité avec toutes les conséquences qui pourraient en découler en termes de sanctions internationales. Pour convaincre les Iraniens de leur bonne volonté d'aider à la recherche d'une solution acceptable à la crise ouverte autour de son programme nucléaire, les Européens se sont engagés, en plus de la signature d'un accord commercial avec Téhéran, de peser de leur poids pour faciliter l'accession de l'Iran à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et son accès à la technologie nucléaire pacifique. Les Européens savent que la partie ne sera pas facile et qu'ils trouveront sur le chemin les Américains qui n'accepteront pas de jouer les seconds rôles dans le dossier nucléaire iranien.