L'inexistence de marché de capitaux, de Bourse «active», de banques de garanties et de marchés obligataires a freiné la croissance économique. Les retards accusés dans la mise en oeuvre de la stratégie économique de l'Algérie n'incombent pas au gouvernement. Ils trouvent leur origine dans la léthargie du secteur bancaire et la résistance des administrations. C'est là le constat fait hier par Abdelhamid Temmar, ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements, lors de la conférence qu' il a donnée à l'Institut supérieur de gestion et de planification (Isgp). Le gouvernement a élaboré une stratégie «Top, puissante et bien pensée» et a mis les moyens matériels nécessaires à sa réussite, insistera Temmar. Celui-ci, devant un parterre d'économistes et de managers d'entreprise, lancera un défi à qui veut la discuter. Parlant des tares dont souffre le secteur financier, il indiquera que les banques ont mis un grand retard pour se mettre au système de paiement électronique. Un système pourtant appliqué un peu partout dans le monde. L'inexistence de marchés de capitaux, de Bourse «active», de banques de garanties et de marchés obligataires, sont les facteurs ayant freiné l'essor économique du pays. Ces segments financiers qui font défaut, expliquera-t-il, «nous ne savons comment les mettre sur pied. Il faut qu'on le demande aux étrangers de le faire pour nous». C'est dans cette optique, rappellera Temmar que «l'Etat a décidé d'ouvrir les capitaux du CPA et de la BDL». Voulant atténuer son jugement vis-à-vis des banques, le ministre expliquera que la léthargie les caractérisant n'est pas due à la qualité de leurs gestionnaires mais plutôt à leur nature d'«institutions publiques». Les responsables de banques publiques, selon lui, n'ont pas les coudées franches pour prendre des risques dans le financement des projets d'investissement. Ceci en plus du fait que ces institutions sont parfois contraintes de donner des crédits à des entreprises publiques en difficulté. Aussi, le ministre fera part de la sortie d'une série de politiques sectorielles d'ici 3 semaines. Des politiques qui concernent l'industrie, l'agriculture, le tourisme et la pêche qui constituent les secteurs fondamentaux de la stratégie économique nationale. L'autre point qui a pris une belle part de la conférence de Temmar, est relatif à la privatisation. Il rappellera à cet effet que les privatisations ont touché, à ce jour, 417 entreprises. Le processus de privatisation compte depuis son démarrage 543 opérations comprenant les cessions d'actifs, le partenariat et la privatisation partielle. Il avancera, à ce sujet, que le montant des cessions est de l'ordre de 125 milliers de dinars tandis que l'apport des capitaux avoisine les 33 milliards. Lesdites opérations ont permis en outre à l'Etat d'économiser des dettes, car explique-t-il, les entreprises ont été vendues avec leurs dettes. Dans le même chapitre, le ministre indiquera que «le transfert des technologies ne peut avoir lieu sans la privatisation et l'ouverture de nos entreprises aux investisseurs étrangers». D'autre part, le ministre reconnaîtra que la politique de mise à niveau des entreprises avance avec un rythme très lent. Selon lui, il n'y qu'une quarantaine d'entreprises qui ont été touchées vraiment par la mise à niveau. Et pour impulser cette mise à niveau, Temmar annoncera la tenue d'une rencontre avec les hommes d'affaires à l'hôtel Hilton au courant de la semaine prochaine. Le ministre de l'Industrie soulignera que faute de mise à niveau, les entreprises nationales, privées et publiques, seront sérieusement menacées après l'adhésion de notre pays à l'OMC. Indiquons enfin, que le débat ayant marqué la communication du ministre de l'Industrie a été marqué par des critiques ayant visé la fiabilité et/ou le manque des chiffres et des échéanciers. Le professeur Benachenhou, ancien ministre des Finances, indiquera pour sa part que l'impatience affichée par la population quant aux politiques du gouvernement, est d'ordre purement social. La population veut que la stratégie économique du gouvernement protège son pouvoir d'achat et crée plus d'emplois.