L'insolence et le talent : une âme à double tranchant ! Quand la vérité ne saute aux yeux de personne, il ne reste que l'insolence pour dire les maux. Encore faut-il en avoir le talent ! Quand tout le monde, étrangement coalisé, a les yeux embués par une illusion de bien-être, qui ne tient que par les effets pervers de la tragédie irakienne et la boulimie chinoise, c'est que tout le monde a cessé de rêver. Encore faut-il vouloir être ! Quand on a déjà décidé pour nous, que demain ressemblera à hier, c'est que l'on veut nous mettre hors du temps… Dès lors, être insolent devient le dernier recours, parce qu'à force d'être « polie », la vérité ne blesse plus. Amari, tu es incontestablement insolent. Daltonien, grillant tous les feux rouges, tu as souvent le talent du chirurgien passionné, qui va débusquer la tumeur là où elle se terre. « Si tu parles, tu meurs… » Parle, Chawki. Ils t'ont sommé de te taire, nous te donnons le droit de parler. Alors l'incontournable dilemme : de quel côté est la légitimité ? M. L. Merhoum. Architecte Les étudiants de l'université de Béjaïa solidaires Les étudiants de l'université Abderrahmane Mira de Béjaïa tiennent à manifester leur soutien au directeur d'El Watan, Omar Belhouchet, et a son chroniqueur Chawki Amari. Une pétition exprimant leur solidarité avec les deux journalistes et dénonçant les poursuites et les menaces de détention qui pèsent sur eux a recueilli jusqu'ici plus de 800 signatures comme nous avons pu l'apprécier à la remise du document à notre bureau. « L'opération se poursuit encore, beaucoup d'enseignants adhèrent aussi à notre démarche, nous n'allons pas nous taire », nous dit, le ton ferme, un étudiant. Depuis la condamnation prononcée par le tribunal de Jijel, les messages de sympathie et de solidarité n'ont pas cessé de pleuvoir sur notre bureau à Béjaïa. Via des appels téléphoniques, des lettres faxées ou en se présentant directement à notre rédaction, les citoyens sont unanimes à dénoncer ces « nouvelles menées du pouvoir » contre la liberté d'expression. B. B. On ne met pas aussi facilement des personnes en prison En lisant le quotidien El Watan, j'ai été consterné d'apprendre cette décision brutale à l'encontre du directeur, M. Belhouchet, et du chroniqueur M. Amari. Même pour des cas de diffamation avérés avec preuves concrètes on ne met pas (dans un environnement de droit) aussi facilement des personnes en prison. Je tiens ici à vous exprimer tout mon support et ma solidarité à l'égard du grand quotidien El Watan, de sa direction et de ses journalistes face à ces persécutions. Mes salutations les meilleures et bon courage, je suis certain qu'il y a beaucoup de personnes en Algérie et à l'étranger qui vous soutiennent et que le grand quotidien El Watan continuera de grandir. Mhd Banat, PhD./DSc./V.P. Tokyo/Japan Message de soutien d'un ex-député C'est avec colère et sans grand étonnement que j'ai appris la condamnation des libertés individuelles et collectives et celles des directeur et chroniqueur d'El Watan par un pouvoir élu par bourrage des urnes et qui a toujours bloqué le processus démocratique. El Merraoui Mahmoud, ex-député et membre fondateur du Front démocratique, non agréé. Un verdict injuste Je ne sais plus quoi vous dire ou plutôt vous écrire après ce verdict injuste qui a été rendu à l'encontre de M. Amari et M. Belhouchet. C'est ainsi qu'on remercie chez nous les journalistes qui font correctement leur travail. On les ruine et on les jette en prison. Nos voleurs, violeurs et bourreaux sont dehors et nos libres penseurs, les lanternes de notre société, sont mis au trou. Je vous admire mes chers compatriotes pour votre courage et aussi pour votre talent. Chawki Amari a du talent à revendre. Ce serait dommage qu'à chaque fois qu'il prend son stylo pour écrire sa chronique il pense à la « diffamation ». J'espère que vous continuerez à nous éclairer pendant encore très longtemps. Merci ! Lila, une lectrice d'El Watan et de tout ce qui est écrit par Chawki Amari L'espoir d'une Algérie démocratique s'évanouit Tout en m'élevant contre la condamnation de Chawki Amari et Omar Belhouchet à deux mois de prison ferme pour un billet par essence satirique, je rassure l'équipe d'El Watan de mon indéfectible soutien. La machine répressive mise en branle à l'encontre du dernier acquis d'octobre 1988, déjà fragilisé par l'asphyxie financière et le harcèlement quotidien des journalistes, n'est pas sans rappeler des pratiques que l'on croyait, pourtant, révolues. A tous les égards, quand la presse est agressée, c'est l'espoir d'une Algérie démocratique qui s'évanouit. C'est écrit : les plumes libres sont et seront l'ultime rempart à l'étouffement des libertés. Mohammed Kebir, journaliste Le téléphone a sonné ! Je suis un lecteur assidu d'El Watan, notamment « Le point zéro » que j'ai le plaisir de déguster chaque matin en me rendant à mon lieu de travail, une habitude qui risque d'être perturbée pour un certain temps, puisque le téléphone a encore une fois sonné – une fois de trop ! – mais nous attendrons le temps qu'il faudra pour retrouver notre chroniqueur. Permettez-moi de citer en cette pénible épreuve un autre illustre manieur de la plume, Mouloud Feraoun, qui écrivait au début de l'année 1958 dans son Journal, suite à l'assassinat dont fut victime Abane Ramdane par ses « frères » de combat : « Pauvres montagnards, pauvres jeunes gens, pauvres étudiants, vos ennemis de demain seront pire que ceux d'hier ». Je laisse le soin à chacun d'en faire l'appréciation qui lui semblera juste, pour ma part, ma solidarité est totale et sans faille avec Chawki Amari et Omar Belhouchet. Amokrane Med Kaci L'indépendance et l'objectivité sont sanctionnées Le site www.souk-ahras.info, site d'information locale pour les expatriés, tient à exprimer sa solidarité àl'endroit de Chawki Amari et Omar Belhouchet, injustement condamnés pour délit d'opinion et déplore le harcèlement judiciaire que subit le quotidien El Watan, un journal qui, au cours de ses années d'activité, a prouvé son indépendance et son professionnalisme. D'une modeste aventure lors de sa création en 1990, El Watan, à force de travail, de rigueur et d'abnégation, a réussi à se hisser parmi les sources d'information les plus fiables et les plus objectives dans la région. Il est devenu une référence pour la lecture de la société algérienne et des enjeux qui la traversent. C'est précisément son indépendance et son souci d'objectivité, ceux-là mêmes qui sont aujourd'hui sanctionnés, qui en font un outil d'une valeur inestimable. site www.souk-ahras.info L'heure est à la mobilisation Au-delà des sentiments d'injustice et de réprobation induits par la condamnation du directeur de publication d'El Watan, Omar Belhouchet, et de son chroniqueur, Chawki Amari, c'est en particulier les menaces qui planent sérieusement sur la société algérienne et les arrière-pensées que cache mal la sentence prononcée à l'encontre des deux journalistes qui suscitent plus d'inquiétude et font réagir l'opinion publique. La volonté ferme du pouvoir d'étouffer, par le chantage et la répression, les voix qui contredisent le discours officiel fait de diversion, de mensonges et de stérilité interpelle tous les citoyens épris de justice et toutes les forces vives conscientes du danger de la régression et l'extinction de l'espoir démocratique qui guettent l'Algérie. Amar Amoura PEST, syndicaliste, journaliste Béjaïa Pour la liberté de la presse en Algérie Considérant que la liberté d'expression en Algérie est de plus en plus menacée, souvent sous des prétextes fallacieux, je tiens, en tant qu'humble citoyen d'abord et en tant qu'auteur-journaliste indépendant, à exprimer ma sincère et totale solidarité avec tous les journalistes algériens qui subissent des pressions continuelles, inadmissibles dans un Etat qui se veut de droit aspirant à la démocratie, et salue leur courage et leur engagement auquel nous souscrivons dans l'union la plus large, pour défendre et promouvoir les espaces de liberté chèrement acquis. Mohamed Ghriss. Auteur-journaliste indépendant