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Le Parc national d'El Kala et le tracé de l'autoroute
Le défrichement du tronçon contesté est achevé
Publié dans El Watan le 18 - 03 - 2008

Le tronçon de l'autoroute Est-Ouest qui passe dans le parc national d'El Kala est aujourd'hui entièrement défriché, de bout en bout, sur 17,8 km et 120 m de large, ouvrant une large tranchée dans la végétation de cette importante aire protégée de la biodiversité de la Méditerranée. Place nette est faite pour la suite des travaux.
Les niveleuses, les rouleaux compresseurs, les pelles mécaniques et les gros camions sont mis en branle depuis quelques jours pour niveler et compacter l'assiette de cette balafre dans les paysages et plaie mortelle pour les milieux naturels que le parc est censé protéger au nom de l'Etat algérien, de son gouvernement, de la nation et du peuple.C'est pourtant le même Etat par le biais du secteur des travaux publics qui vient anéantir, en piétinant le statut du parc national qui interdit le passage d'une autoroute, la seule protection législative dont dispose cette institution pour mener à bien ses missions dont les avantages et les bénéfices ne sont plus à démontrer et qui sont élevées au rang des priorités mondiales de ce nouveau siècle.Le collectif de citoyens qui s'est constitué pour dénoncer ce scandale n'a pas cessé d'interpeller les pouvoirs publics qui se sont enfermés dans un silence sidéral depuis la déclaration en juillet 2007 du ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, qui annonçait en public que la réalisation du tronçon était différée et qu'on se mettait à la recherche d'un tracé qui contournerait le parc. Du boniment. C'est par la voix de Cherif Rahmani, ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, le ministre qui collectionne le plus de distinctions en ce moment, et de sa directrice de l'environnement, Mme Boudjemâa, interrogés sur les ondes de la Chaîne III, que nous avons pu apprendre que des réserves ont été émises sur l'étude d'impact qui, curieusement, était toujours en examen alors que les travaux sont lancés et qu'elle n'a encore pas passé le filtre de l'enquête publique imposée par la loi. C'est aussi par les ondes que nous avons appris que « le ministère de l'Environnement a opté pour la variante 3, celle qui contourne le parc », a déclaré Mme Boudjemâa. Faux, nous disent les scientifiques du collectif de citoyens, la variante 3 est celle qui essaye d'éviter le lac Oubeïra, en passant 700 m plus au sud, mais elle passe toujours dans le parc, à deux reprises, en le coupant en deux dans toute sa largeur. Comme toujours, nous disent nos interlocuteurs, « les gens d'Alger, à tous les niveaux de responsabilité et même dans le secteur des forêts et de l'agriculture qui est en charge de la protection de la nature, font la confusion entre zones humides et parc national. Les premières n'étant qu'un des innombrables milieux que compte le parc national d'El Kala. Le tracé actuel de l'autoroute a cherché à éviter de se rapprocher du lac Oubeïra, mais il passe dans le parc, ce qui est formellement interdit. Une confusion, délibérément entretenue, car en fait elle sert la cause de ceux qui mettent en avant l'étude d'impact, financée par le maître d'œuvre lui-même, le japonais Coojal, et qui est brandie, en dépit de la loi, comme une caution morale et scientifique qui justifie la traversée de l'aire protégée ».Pour les écologistes, il n'y a pas lieu de réaliser une étude d'impact pour le tronçon qui traverse le parc dans la mesure où le législateur a déjà pris les dispositions qu'il faut en interdisant carrément le passage d'une voie à grande circulation. Mais pourquoi au fait ? « C'est vrai, nous disent nos interlocuteurs, qu'une autoroute est un véritable désastre écologique, mais il y a en plus un aspect purement économique. Si ailleurs on fait des autoroutes pour aller vers les parcs, arrivé là on trouve des petites voies de circulation rigoureusement calibrées qui invitent à réduire la vitesse, à la découverte des paysages, à la randonnée pour s'instruire et se cultiver, à s'arrêter pour se restaurer, à se reposer, à prendre le temps de vivre et de regarder vivre. L'avenir économique du parc et de sa région est intimement lié à la nature du réseau routier qui sera mis en place. L'autoroute vers la Tunisie va, bien au contraire, absorber tout le flux des vacanciers et passagers habituels et à venir, ceci au détriment du développement touristique de la région, axé lui sur les curiosités naturelles et culturelles du parc. C'est pour cette raison que nous ne sommes pas contre l'autoroute mais contre son passage dans le parc. » La mobilisation contre le passage de l'autoroute prend de l'ampleur, comme on peut le voir sur le site créé à l'occasion (www.sauvonsleparc.org). La pétition qui doit être adressée au président de la République en tant que garant de l'application des lois est passée de 8000 signatures à près de 12 000 depuis le 19 février, sans compter celles qui circulent en dehors d'internet portées par des bénévoles et des associations.

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